En Chine, la disparition des derniers vestiges du «zéro Covid»
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C’est l’un des derniers piliers de la stratégie «zéro Covid-19» qui tombe en Chine. Après près de trois ans de fermeture du pays, les quarantaines à l’arrivée sur le sol chinois sont levées ce dimanche. En un mois, la Chine a fait table rase de sa politique sanitaire.

De notre correspondant à Pékin, avec Louise May, du bureau de Pékin
Une cabine de tests Covid-19 comme il y en avait des milliers sur les trottoirs de Pékin il y a encore un mois. Celle-ci est hissée sur un véhicule triporteur. « Elle sera revendue d’occasion plus tard sur internet », nous dit la compagne du transporteur. « C’est fini tout ça ! Il n’y a plus de « gros blancs », plus de tests à Pékin… La ville est ouverte ! » Pékin, ville ouverte… au virus.
Autre disparition : celle des Dabai, surnommés les « gros blancs » pour leurs combinaisons blanches devenues symbole de la stratégie sanitaire chinoise. Dans chaque ville de Chine, les autorités sanitaires chinoises avaient mis en place un cabanon de tests Covid-19 pour 800 habitants. Dix travailleurs médicaux ou assistants sur chaque station.
Monsieur Lee faisait partie de cette armée du « zéro Covid ». Travailleur migrant, il a suivi les foyers épidémiques l’année dernière dans l’est et le sud de la Chine. « D’abord, j’ai été à Hangzhou où j’ai aidé les autorités locales à collecter les tubes des tests Covid. Je faisais la tournée entre les laboratoires et 10 stations de PCR. Deux tours le matin et deux tours l’après-midi. Après je suis allé à Ningbo où j’ai travaillé comme gardien de centre de quarantaine, détaille monsieur Lee. Enfin, j’ai été à Canton, quand l’épidémie a éclaté là-bas ». Payés entre 30 et 40 euros la journée, depuis la levée des restrictions sanitaires, ces soldats du coronavirus ont perdu leur emploi.
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Nous sommes dans le nord de Pékin près de l’aéroport. Une grue soulève des cabanons Algeco qui sont démontés un peu plus loin sur le parking d’un parc des expositions. Chapka et veste molletonnée, le gardien à l’entrée explique : « Ça, c’était l’hôpital de campagne pour les malades à symptômes légers. Avant ça, il y avait une zone de quarantaine ici pour les voyageurs venant de l’étranger. Mais tout est terminé désormais. Le centre a été vidé, il y a 10 jours. Ils démontent tout maintenant. Ça ne reviendra »
« 80 euros par jour pour le transport de cadavres »
Vestige d’une époque là encore révolue, sur un mur, une bannière : « Point de transfert vers la zone de quarantaine » disent les caractères blancs sur fond rouge. Les quarantaines obligatoires à l’arrivée sont supprimées ce dimanche dans les aéroports en Chine.
Quant à monsieur Lee, juste après avoir enlevé sa combinaison, il a attrapé le Covid-19. « J’ai perdu mon travail le 13 décembre. Le lendemain j’ai voulu me faire embaucher dans l’usine d’un ami et j’ai été infecté. Je ne suis pas inquiet, je pense que je pourrai vite retrouver un emploi dans le gardiennage. Et puis comme il y a beaucoup de gens qui meurent à Shanghai en ce moment, affirme Monsieur Lee, des agences proposent 80 euros par jour pour transporter les cadavres. »
Transport de cadavres, revente sur internet des tubes et longs cotons tiges utilisés pour les tests, les derniers gagne-pain du « zéro Covid-19 » finiront par disparaître, affirme Monsieur Lee, content de sortir de ces trois ans d’enfermement.
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