Au Texas, les nouvelles règles migratoires américaines vues par des réfugiés vénézuéliens
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Ces dernières semaines, la ville d’El Paso, où se trouvait le président américain ce dimanche, a vu affluer des milliers de Vénézuéliens qui ont simplement traversé le fleuve Rio Grande pour demander l’asile aux États-Unis. Rencontre avec des Vénézuéliens arrivés récemment au Texas, qui fuient une situation catastrophique dans leur pays.

De notre correspondant à Houston,
Dans un hangar de Houston, des dizaines de personnes cherchent leur bonheur parmi les vêtements, le linge, le petit mobilier, les jouets. Ils sont arrivés ces derniers jours du Venezuela et l’association Accion social Venezuela donne tout ce qu’elle a collecté.
Emili est arrivée il y a quatre mois et a découvert qu’elle était enceinte de six mois. Comme tout le monde ici, elle a fui le régime de Nicolas Maduro et espère ici un futur meilleur pour elle et ses enfants. « J’ai toujours pensé venir aux États-Unis, avec des papiers, mais la situation est devenue telle qu’on a dû venir maintenant, sans papiers », explique-t-elle.
Diana Mendt a créé cette association. Elle déplace des cartons pour que les gens se servent. « Avant, je faisais la coordination entre les familles de Vénézuéliens et les donateurs, mais depuis le mois de juin, je ne peux plus, car ils sont trop nombreux. Beaucoup de migrants viennent, beaucoup d’autres vont arriver et ils doivent être aux États-Unis parce qu’ils ne sont pas en sécurité au Venezuela. »
De nouvelles règles pour les migrants
Pour faire face à l’afflux, le président Joe Biden a annoncé de nouvelles règles migratoires plus restrictives, mais aussi avancé le chiffre de 30 000 autorisations d’entrer sur le territoire chaque mois et de 20 000 droits d’asile accordés chaque année – trois fois plus qu’avant pour les migrants venant d’Haïti, du Nicaragua, et Cuba et du Venezuela. Ces règles vont obliger les migrants à prendre un rendez-vous via une application sur téléphone à un des points d’entrée aux États-Unis pour y présenter leurs documents de demande d’asile. Tous ceux qui ne suivront pas la règle seront automatiquement expulsés.
Renso a trouvé un vélo pour son fils aîné. Il était garde du corps au Venezuela, mais la situation y est devenue intenable. Il pense avoir eu beaucoup de chance de parvenir au bout du trajet indemne avec sa famille. Alors il est favorable au système proposé par le président américain. « Si nous avions eu la possibilité de le faire, nous aurions pris rendez-vous et serions venus en avion. Nous n’aurions pas risqué ce trajet, le désespoir et la tristesse que nous avons vus et vécus en venant à pied », explique-t-il.
Mais cette mesure qui doit remplacer le Titre 42 mis en place par Donald Trump, au début de l’épidémie de Covid, est accueillie froidement par ceux qui sont investis dans la cause des migrants. « Je trouve ça infect, ils ont oublié leur principe d’humanité tout bonnement. Dans l’urgence, on fait comme on peut, et on est dans une situation d’urgence ». Natalie Jones aide à transporter les dons. « Imaginez-vous devant quitter tous vos biens et vos souvenirs, ils abandonnent tout derrière eux ».
Mariella a elle aussi tout abandonné et a tout risqué. Sa famille est arrivée à Houston en avion avec un visa de touriste. Mais pas elle. Avant le départ il y a un an, elle s’est fait voler son visa. Elle a dû prendre des bus et passer à pied par le Rio Grande. Aujourd’hui, elle a un petit boulot de taxi, son émigration n’est pas forcément définitive pour autant. « Si le gouvernement change, si Maduro part, si le Venezuela commence à se remettre sur pied, nous pourrons probablement y retourner. »
Sa fille Elsys n’a en revanche pas le même avis : « Je dois penser à mon futur. Si je rentre au Venezuela dans la situation actuelle, je n’aurai pas de futur ! ». Pour elle, l’avenir est ici, aux États-Unis.
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