Le système de santé japonais vacille face à la double épidémie de Covid et de grippe
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Alors que l'archipel fait face à une épidémie jumelle de Covid et de grippe, le système de santé japonais est en train de s'écrouler, victime d'une pénurie de lits hospitaliers, de soignants et de médicaments.

De notre correspondant à Tokyo,
Au Japon, chaque semaine, plus de 7 000 ambulances sont dites « en état de détresse » : elles ne trouvent pas, dans le délai requis de 30 minutes, un hôpital pouvant accueillir le malade qu'elles transportent. Les ambulanciers éconduits par des services d'urgence saturés, les soignants débordés, tel est le quotidien de ce médecin hospitalier.
« La plupart de nos lits destinés aux malades du Covid sont occupés. Il nous en reste quelques-uns, mais on ne peut pas y mettre de patients, faute de personnel, plusieurs soignants ayant eux-mêmes été contaminés et étant dès lors en arrêt maladie. Pour ne rien arranger, le virus se répand dans d'autres services : des malades hospitalisés en pédiatrie ou en orthopédie l'ont contracté. C'est pareil dans beaucoup d'hôpitaux. Bref, tout indique que notre système de soins de santé est en train de vaciller... »
« C'est terrible, les analgésiques, mais aussi les antibiotiques ou les médicaments contre la fièvre viennent à manquer, confirme un pharmacien. Les grossistes mettent un temps fou à nous livrer en raison de la rupture des chaînes d'approvisionnement. Elle touche surtout les génériques. Or, 80% des traitements prescrits au Japon sont des médicaments de ce type... Résultat, beaucoup de malades du Covid ou de la grippe ne sont pas soignés correctement ».
Les pharmacies touchées par une pénurie de médicaments
Les rayons des officines se vidant à vue d'œil, les Japonais se ruent dans les parapharmacies et y achètent – en masse – tous les produits qui, espèrent-ils, les soulageront s'ils tombent malades et manquent de médicaments à leur tour. « Les vitamines, les fortifiants, les bonbons au menthol pour la gorge et tout ça... c'est la razzia, s'exclame, stupéfaite, la gérante d'un drugstore du centre-ville. Je n'ai jamais vu cela ! Les gens en achètent pour toute leur famille, pour leurs amis... Je comprends : ils sont angoissés. Mais, d'un autre côté, c'est dans ces périodes de crise qu'il faut être solidaire, donc penser un peu aux autres clients... »
Comme la plupart des habitants de la capitale, ces deux Tokyoïtes sont très inquiets. « J'ai peur pour mes petits-enfants, avoue l'un. Les experts disent que la rentrée des classes va donner lieu à une multiplication des clusters dans les écoles. » « C'est la double peine, abonde l'autre. La peur du virus et l'angoisse, si on l'attrape, de ne pas pouvoir être hospitalisé et même de manquer de médicaments... »
À en croire la rumeur publique – les réseaux sociaux, notamment – si on ne trouve plus grand-chose dans les pharmacies et les parapharmacies, c'est à cause des immigrés chinois : ils auraient fait des stocks afin de les envoyer à leurs proches, restés au pays. Il y a trois ans, déjà, des ragots racistes de cet acabit avaient rendu ces mêmes immigrés responsables de la pénurie de masques que l'archipel avait connue au tout début de l'épidémie.
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