Reportage international

Au procès des attentats de Bruxelles, des polémiques à répétition

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Le procès des attaques en Belgique s’est ouvert le 5 décembre en Belgique. Parmi les accusés, plusieurs hommes déjà condamnés pour les attentats de Paris en 2013 comme Salah Abdeslam et Mohammed Abrini. Mais depuis le début des audiences, les difficultés s’enchaînent.

Des avocats s'entretiennent avec leurs clients assis dans le box des accusés, à l'ouverture d'une audience au procès des attentats de Bruxelles en 2016, à la Cour d'assises de Bruxelles, le 12 décembre 2022.
Des avocats s'entretiennent avec leurs clients assis dans le box des accusés, à l'ouverture d'une audience au procès des attentats de Bruxelles en 2016, à la Cour d'assises de Bruxelles, le 12 décembre 2022. AFP - DIDIER LEBRUN
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Il y a d’abord eu le débat sur les box individuels des accusés. Les réaménager en espace commun a retardé le début du procès. Ce sont maintenant les fouilles à nu systématiques imposées aux détenus lorsqu’ils sont transférés de la prison au tribunal qui font polémique. De quoi inquiéter les parties civiles, qui souhaitent que le procès avance sur le fond.

« Je pense que ce sont des polémiques extrêmement dommageables, que l’on aurait dû tout simplement éviter. J’espère qu’elles vont cesser, parce qu’il est temps que l’on parle du fond du dossier, s'agace Me Guillaume Lys, avocat de l’association de victimes V-Europe. Et puis surtout, entendre ces accusés se plaindre de fouille quand on voit ce que nous, nos clients victimes ont vécu, il n’y a pas de comparaison dans l’horreur qui est possible. »

Environ 35 millions d’euros ont pourtant été investis dans l’organisation du procès, le plus cher de l’histoire de la Belgique. Il a fallu notamment aménager les anciens locaux de l’Otan en périphérie de Bruxelles, choisis pour accueillir la cour d’assises à la place du palais de justice. Une décision qui ne fait toujours pas l’unanimité.

« On avait déjà eu un premier exemple très récent, c’était le procès de l’attentat du Musée juif qui s’était parfaitement déroulé au palais de justice de Bruxelles, rappelle Me Guillaume Lys. Il y a eu un choix politique de tout délocaliser, de revoir certaines procédures (…) On aurait dû construire sur ce que l’on connaissait, sur ce qui fonctionnait et pas tenter quelque chose de nouveau. »

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« On a envie de leur dire de se mettre à notre place aussi »

Sabine Borgignons s’est malgré tout décidée à assister aux audiences. Elle fait partie des victimes des deux attentats quasi simultanés, à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek, qui avaient fait 32 morts et plus de 300 blessés. Plongée dans le coma pendant plus d’un mois après l’explosion dans le métro à Maelbeek, elle a aujourd'hui un message pour les accusés : « On a envie de leur dire de se mettre à notre place aussi. On nous demande de nous à leur place, mais eux devraient le faire aussi. »

De son côté, la défense continue de dénoncer des atteintes aux droits des accusés et des problèmes d’organisation. Le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris est érigé en exemple. Alors, la justice belge serait-elle en train de perdre la face ? « Comparaison n’est pas raison. Le système juridictionnel français n’est pas du tout comparable au système belge, indique Luc Hennard, porte-parole du procès. Notre société démocratique belge fait la démonstration qu’au-delà des difficultés, vous avez un procès qui se tient et qui aborde le fond. »

Les auditions des enquêteurs ont en effet déjà pu commencer. Elles devraient se poursuivent jusqu’à la fin du mois de janvier.

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