Chine: ceux qui ne partent pas en vacances pendant les congés du Nouvel An lunaire
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La Chine et une partie de l’Asie célèbrent ce samedi 21 janvier l’entrée dans la Nouvelle année lunaire. Pour la première fois depuis 3 ans, des centaines de millions de Chinois ont pu rejoindre cette année leur famille à la campagne, sans barrières sanitaires. Malgré cette liberté retrouvée, certains restent travailler dans les mégalopoles chinoises.

De notre correspondant à Pékin, avec Louise May du bureau de Pékin,
Des palettes de colis tirés dans des camions, des employés qui surveillent les robots chargés de dispatcher les commandes en fonction des zones à distribuer – le Grand Pékin et sa région et jusqu’en Mongolie intérieure –, nous sommes à la périphérie de la capitale chinoise, dans les entrepôts de Jingdong, l’un des géants du commerce en ligne en Chine.
Ici, les travailleurs ne chôment pas pendant les vacances de la fête du printemps, souligne Wang Yuahuan, du département international de JD.com. « Cette année, nous voulons promouvoir l’idée que les gens peuvent rentrer chez eux les mains vides pour le Nouvel An chinois. Vous commandez des produits de la fête du printemps via notre plateforme et vous pouvez partir tranquille, sans avoir à trimballer d’énormes sacs pendant le voyage. La livraison arrivera dans votre village. » Des colis à livrer alors que le pouls des mégalopoles s’arrête de battre pendant ces grandes vacances chinoises. Une grosse semaine, parfois dix jours quand l’employeur est conciliant.
Du travail en plus pour les chauffeurs de taxi
Par la fenêtre du taxi : des commerces et des institutions fermés et des clients qui trépignent dans le froid en attendant une voiture. La plupart des chauffeurs de taxis et de VTC sont rentrés, mais pas celui que nous avons rencontré. « En ce moment, il y a beaucoup de commandes et ce sont les chauffeurs qui choisissent », explique le chauffeur. « On avait des passagers avant qui annulaient les courses, car on n’arrivait pas assez vite. Aujourd’hui, c’est nous qui faisons défiler les clients sur le téléphone et on décide qui on prend. Vous voyez les gens au bord de la route. S’ils tapent du pied, s’ils se frottent les mains, c’est qu’ils attendent depuis plus de 20 minutes. »
Pour la première fois cette année, il est possible de rentrer dans sa province pour passer les fêtes en Chine sans avoir à faire de quarantaine en arrivant et surtout en revenant à Pékin. Malgré cela, ce jeune livreur n’est pas parti, fatigué de la pesanteur des traditions familiales, dit-il. « Rentrer à la maison à un âge comme le mien, c’est juste pas possible ! Cela ne peut que mal tourner », redoute le livreur. « Vous avez 10 parents qui vous entourent et vous bombardent de questions : “Tu veux qu’on te présente quelqu’un ? Comment va le travail ? Combien tu gagnes ? Il faut te marier voyons !” Non vraiment, pour moi, c'est trop fatigant. »
Des primes d’activité qui ne compensent pas la solitude
Se marier ou rester travailler en ville, avec un bonus. « Nos livraisons couvrent 366 villes et plus de 1 700 districts et comtés à travers le pays. L’épidémie ne nous arrête pas », assure Wang Yuahuan, du département international de JD.com. « À Pékin par exemple, le pic des contaminations, c’était mi-décembre, on a eu recours à plus de 1 000 de nos coursiers venus d’autres provinces. C’est sur la base du volontariat et d’incitations internes. »
Des primes qui consolent, mais ne compensent pas la solitude d’une partie de ces forçats de la route sans vacances. « Je travaille depuis cinq mois », nous a confié un de ces jeunes livreurs. Seuls ceux qui travaillent à la livraison des tours de bureaux peuvent faire une pause le week-end.
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