Reportage international

À Taïwan, les femmes aussi veulent faire leur service militaire

Publié le :

Archipel démocratique revendiqué par la Chine, Taïwan a annoncé au début du mois de janvier l'allongement du service militaire, essentiellement pour faire face aux menaces d'invasion de la Chine communiste. Mais les femmes sont les grandes absentes de ce nouveau système. Certaines d'entre elles se mobilisent et demandent d'être prises en compte dans la stratégie de défense nationale.

Selon de récents sondages, environ 70% des Taïwanais se disent prêts à se battre en cas d'invasion chinoise.
Selon de récents sondages, environ 70% des Taïwanais se disent prêts à se battre en cas d'invasion chinoise. © AP/Daniel Ceng
Publicité

De notre correspondant à Taipei,

« La guerre ne regarde pas les femmes ». Voilà en substance les commentaires reçus depuis plusieurs semaines par la députée taïwanaise Fan Yun. L'élue du Parti démocrate progressiste a soutenu sur les réseaux sociaux la participation des femmes au service militaire.

« En tant que pays vivant sous la menace de la Chine, c'est mieux si tous les citoyens, hommes et femme, peuvent défendre notre pays. Si nous sommes autorisés à le faire, je suis certaine que beaucoup accepteront, moi y compris ! » Pourquoi y a-t-il encore cette réticence dans la société taïwanaise ? Fan Yun répond : « Je me souviens très bien quand la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen était candidate. Certains disaient qu'une personne qui porte une jupe ne pouvait pas devenir cheffe des armées, et finalement, elle a été élue ! Les temps ont changé. Il n'y aucune raison pour que les femmes ne puissent pas faire leur conscription. »

► À lire aussi : Taïwan: des simulations montrent l’ampleur de la catastrophe en cas d’invasion chinoise

Des formations de défense civile

Depuis la démocratisation de Taïwan dans les années 1990, les femmes peuvent entrer dans l'armée. Elles représentent aujourd'hui 13 % des effectifs, soit le ratio le plus élevé d'Asie. Mais les citoyennes lambdas, elles, restent tenues à l'écart.

Patina, 30 ans, est consultante dans le secteur privé. Depuis plusieurs mois, elle enchaîne les formations de défense civile. « Après l'invasion russe en Ukraine, beaucoup de Taïwanais ont pris conscience de la menace d'invasion. Mais nous, les femmes, n'avons pas fait notre service militaire, donc nous connaissons peu de choses sur la défense », dit-elle. Puis, elle poursuit : « À ce moment-là, j'ai discuté avec mon petit ami et je lui ai dit : si un jour, tu es mobilisé et que tu ne reviens pas, comment je ferai pour me défendre ? C'est pour ça que j'ai commencé à participer à ces formations de défense. »

► À lire aussi : Taïwan rallonge la durée de son service militaire

« Cela va venir »

La présidente taïwanaise l'a promis. Les femmes auront un jour le droit de faire leur service miliaire. Han Gan-ming est chercheur à l'Institut de recherche sur la sécurité et la défense nationale. Il était auparavant chargé du recrutement au sein de la réserve taïwanaise.

La position de l'armée, c'est que le nombre de réservistes hommes est déjà suffisant pour répondre à nos besoins de défense. Si les femmes devaient aussi faire leur service militaire, nous n'aurions pas la capacité pour former autant de monde. Mais je crois que les femmes peuvent jouer un rôle important dans la défense civile. Certes, il n'y a pas encore de projet concret sur la table, mais cela va venir.

En attendant le soutien du gouvernement, les jeunes Taïwanaises continueront de se former seules. Selon de récents sondages, environ 70 % des Taïwanais se disent prêts à se battre en cas d'invasion chinoise.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes