Reportage international

Birmanie: deux ans après la prise au pouvoir de la junte, la résistance armée se met en ordre

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Cela fait deux ans que la junte birmane a pris le pouvoir par coup d'État. Les affrontements avec des groupes armés de résistance ont fait plus de 2 000 morts, des centaines de milliers de déplacés. Deux ans plus tard, certains jeunes des grandes villes, partis rejoindre les rangs des armées ethniques pour se battre contre la junte, ont formé des bataillons d'élite. Rencontre avec quelques-uns, dans une zone de forêt de l'État Karen en Birmanie.

Un camp des membres des PDF, dans la forêt de l'État Karen, en Birmanie, à la frontière avec la Thaïlande.
Un camp des membres des PDF, dans la forêt de l'État Karen, en Birmanie, à la frontière avec la Thaïlande. AP
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De notre correspondante dans la région,

Au bord d’une rivière, plusieurs véhicules pick-up sont garés. Sur l’un est inscrit le mot Révolution, en descendent une dizaine d’hommes jeunes, armés de fusil d’assaut. Sur leurs casquettes camouflage, un drapeau rouge, orné d’une étoile jaune.

Ce sont les PDF, Force de défense du peuple, venus de toutes les grandes villes de Birmanie, appartenant le plus souvent à l’ethnie majoritaire BamarI. Ils sont venus se mettre au service de certaines armées ethniques et notamment de l’armée karen, à l’est de la Birmanie. Au début du mouvement de résistance à la junte, beaucoup de ces jeunes venus pour se battre se sont retrouvés confrontés au manque de ressources des armées ethniques.

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Aujourd’hui, seuls les plus motivés, les plus entraînés sont restés, ils ont formé plusieurs bataillons d’élite. Kyaw est l’un d’entre eux. Il explique comment, deux ans après le coup d’État, la stratégie des PDF a évolué.

« Au début, on n’avait rien, pas de matériel, j’ai failli abandonner, comme beaucoup, mais ensuite, on a compris qu’il fallait changer de tactique, d’abord ne garder que ceux qui étaient vraiment aptes au combat, beaucoup s’entraîner et surtout être toujours en mouvement », souligne Kyaw. « On se spécialise dans les opérations spéciales, les embuscades, sur des cibles à haute valeur ajoutée, pour affaiblir l’armée birmane, les prendre par surprise. Les PDF sont devenus un bataillon à part. »

Empêcher la tenue des élections annoncées par la junte

Les financements du gouvernement d’opposition en exil, le NUG, sont arrivés. Contrairement au début du mouvement, ces jeunes hommes sont bien équipés de couteaux, d’armes de longue portée, de gilets pare-balles, ils portent désormais un uniforme et des insignes bien reconnaissables.

L’objectif essentiel de la lutte armée cette année, c’est d’empêcher la tenue des élections annoncées par la junte pour le mois d’août prochain. « La seule porte de sortie pour la junte, c’est d’organiser ces élections, pour légitimer leur pouvoir », ajoute Kyaw. « Mais nous ne laisserons pas cela arriver et sur le terrain, il n’y aura pas d’élection, tous les soldats de la résistance seront mobilisés pour empêcher cela. Ces élections, elles ne pourront avoir lieu qu’en ligne, et elles n'auront aucune valeur. »

On assiste donc à une multiplication des groupes et groupuscules armés, au risque de créer une situation de plus en plus volatile. Même si, selon les services de communication de l’armée karen, toutes les factions travaillent, ensemble, à la défaite de la junte et à la construction d’une Birmanie fédérale où les différentes ethnies auraient les mêmes droits. Un rêve encore lointain.

En attendant, les groupes armés promettent pour cette année une intensification des combats.

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