En Argentine, la sécheresse n’en finit plus de saper les récoltes
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Pour la troisième année consécutive, l’Argentine est en proie à une interminable sécheresse qui fait des ravages dans les champs de céréales et de soja. Un problème de taille pour un pays surendetté qui tire la majorité de ses revenus d’exportation de sa rente agricole. Reportage dans la région de Rosario, le cœur productif du pays où les agriculteurs sont particulièrement affectés par le manque de précipitations.

San Jeronimo, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Rosario. Tout en gardant un œil sur la route, Marcos Giacomoni montre les champs de soja qui s’étendent à perte de vue : « Actuellement, les plants de soja mesurent environ 25 centimètres, alors que théoriquement, ils devraient faire 40 ou 50 centimètres de haut. Ça, c’est à cause de la grande sécheresse qu’il y a eu ». Les cheveux blonds, les yeux bleus aussi clairs que le drapeau argentin, cet ingénieur agronome travaille pour la coopérative agricole AFA. « Cette année, il est tombé 580 mm de pluie, contre 930 mm en temps normal. En trois ans de sécheresse, on a perdu l’équivalent d’une année de pluie », déplore-t-il.
Une mauvaise récolte et des parcelles non semées
Dans cette zone considérée comme le cœur productif de l’Argentine, le manque de précipitations qui dure depuis 2020 a laissé les nappes phréatiques à sec. « Je n’ai jamais vu une telle sécheresse de ma vie », témoigne du haut de ses 80 ans Luis Golosetti, qui continue de travailler les 340 hectares de son exploitation familiale. « On avait déjà eu une très mauvaise récolte de blé, et ça a continué avec le soja. Il y a même beaucoup de parcelles qui n’ont pas pu être semées, et d’autres qui l’ont été à un moment inadéquat. »
L’aridité des sols a en effet retardé les semis de soja et de maïs, avec de lourdes conséquences sur les rendements. La pluie a bien fini par tomber fin janvier, mais les pertes sont déjà là, selon Julio Calzada, directeur des études de la Bourse de commerce de Rosario. « Selon nos estimations, la production de soja, de maïs et de blé serait inférieure de 28 millions de tonnes par rapport à ce qui était attendu en début de campagne ».
« Un coup dur pour le pays »
Une baisse de production qui va se répercuter sur les ventes à l’international de céréales et dérivés, qui représentaient l’an passé la moitié des exportations argentines, souligne Julio Calzada : « Cela représente 8 millions de dollars d’exportations en moins pour l’Argentine. Et c’est un coup dur pour un pays qui a d'importants problèmes macroéconomiques et de manque de dollars. »
Si cette sécheresse est due à la « Niña », un phénomène climatique naturel entrainant des déficits cycliques de précipitations sur les plaines argentines, les spécialistes de la Bourse de commerce de Rosario sont formels : la persistance et l’intensité exceptionnelle de cet épisode de sécheresse sont intimement liées au dérèglement climatique.
► À écouter aussi : Comment fait-on la prévision des récoltes?
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