Reportage international

Shanghai: un an après, les expatriés restent traumatisés par la politique «zéro Covid»

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Le 1er avril 2022, la ville de Shanghai était mise sous cloche devant la progression du Covid. Deux mois de confinement, et même parfois plus pour ses 25 millions d’habitants, qui ont laissé des traces, notamment au sein de la communauté étrangère.

Une rue désertée de Shanghai,  le 17 mai 2022.
Une rue désertée de Shanghai, le 17 mai 2022. AP - Jin Liwang
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De notre correspondant à Pékin,

« J’ai fait deux mois de "lockdown", j’avais deux chats donc je suis resté. » Il est resté à Shanghai, Paul. Comme beaucoup d’étrangers, au moment du confinement de la capitale économique chinoise, ce Français qui travaille dans le marketing a pensé à tout plaquer. Ce sont ses chats qui l’ont contraint à rester. Mais, un an après, il n’oublie pas : « Tu sais ce que c’est que d’être enfermé pendant deux mois dans ton appart ? Beaucoup ont pensé partir et ils y pensent encore. J’ai perdu la moitié de mes amis à Shanghai et plus encore à Pékin. »

Siège de la plupart des entreprises étrangères en Chine, Shanghai accueillait un quart de la population expatriée avant 2022. Près de 25% des Allemands résidents dans la ville sont partis après le confinement, le nombre des Français et Italiens a diminué de 20%, selon un rapport de la Chambre de commerce européenne en Chine cité par l’Agence Bloomberg. La politique « zéro Covid » que les autorités et les médias d’État chinois voudraient aujourd’hui effacer des mémoires, a laissé des traces jusque dans la communauté française à Pékin.

« Trois ans d’enfermement pour de nombreux Français, des départs importants. C’est une communauté blessée, fatiguée par le Covid, mais aussi par la politique "Zéro Covid" qui a fermé les frontières. Il y a des retours, mais ce n'est pas aussi simple », déplore Franck Pajot, représentant des Français de l’étranger, président du Conseil consulaire Chine du Nord, Mongolie et professeur au lycée français international de Pékin.

Recours à des « talents locaux »

La décision soudaine d’enfermer des mégalopoles entières l’année dernière a aussi marqué durablement les entreprises étrangères. La visite de dirigeants européens, dont le président français, en ce début avril, devrait contribuer à relancer les échanges humains, espèrent les diplomates.

Question talents, le confinement a accéléré le remplacement des expatriés par des contrats locaux, affirme Johnathan Edwards, directeur de l’agence de recrutement Antal à Shanghai : « Beaucoup d’entreprises ont maintenant des talents locaux à la tête de leurs filiales en Chine. Il y a donc moins de demande d'expatriés qu'avant. C'est une question de localisation des moyens. Le Covid a juste accéléré ce phénomène, parce qu'il était impossible d’entrer et de sortir du pays pendant trois ans. Je pense que ça va prendre six mois au minimum pour que les choses se normalisent. »

Six mois, un an, avant que la deuxième économie du monde ne retrouve son dynamisme pré-pandémie, disent les optimistes. Pour les pessimistes, il faudra un peu plus de temps avant que les cicatrices du « zéro Covid » ne soient définitivement refermées.

► À lire aussi : Chine: Shanghai atteint l’objectif «sociétal zéro Covid»

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