Australie: la ville de Sydney en proie à la crise du logement
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En Australie, et plus précisément à Sydney, les habitants font face, depuis quelques mois, à une hausse très forte des loyers, de 24% en moyenne sur un un an pour les appartements. La ville a même récemment fait son entrée dans le top 10 des villes aux loyers les plus chers au monde.

De notre correspondant à Sydney,
Nous sommes à Tamarama, un quartier superbe de Sydney bordé par la plage. Mais pour les habitants d’un immeuble du quartier, le rêve a failli tourner court. Leur propriétaire leur a récemment annoncé qu’il voulait augmenter les loyers de 70%.
Harrison, l’un des locataires, est allé la contester devant un médiateur, et obtenu qu’elle soit ramenée à 22%. Une victoire, certes, mais qui a un goût amer. « J’ai l’impression d’avoir remporté une victoire, mais c’est vrai que, sorti de son contexte, 22,5%, c’est quand même une hausse énorme... », constate-t-il.
Le coût de l'inflation et des mesures liées au Covid
Si les loyers augmentent autant à Sydney, c’est d’abord à cause de l’inflation, contrée en Australie par des hausses conséquentes des taux d’intérêt par la Banque centrale. Elles ont un impact direct sur les prêts immobiliers, que les propriétaires répercutent sur les locataires.
Autre facteur en jeu, un phénomène de rattrapage post-Covid, expliqué par Jim Gilmovich. Il préside l’association des propriétaires de Nouvelle-Galles du Sud. « Pendant le Covid, avec le confinement et une immigration quasi nulle, les propriétaires ont été contraints de baisser les loyers, car la demande s’était écroulée », explique Jim Gilmovich. « Maintenant que les entreprises demandent à leurs employés de revenir au travail et que l’immigration a retrouvé ses niveaux habituels, cela explique la reprise très rapide de la demande de logements. »
Une pénurie de logements
Enfin, il y a une pénurie massive de logements à Sydney, où le taux de vacance est inférieur à 1%. Un point sur lequel le gouvernement s’est engagé à agir. Il a annoncé récemment la construction de 30 000 logements sociaux au cours des cinq prochaines années.
Pour Jim Gilmovich, c’est très insuffisant. « C’est un objectif très faible. Il faudrait construire 30 000 logements par an pour répondre à la demande », poursuit-il. Et Sophia Morris, qui est une voisine d’Harrison, regrette que les mesures annoncées ne répondent pas à la crise actuelle. « Les plans annoncés ne prévoient pour l’instant ni de gel des loyers, ni de renforcer les protections des locataires face aux hausses annuelles de loyer. Tout locataire à Sydney s’attend à des hausses de loyer, mais actuellement, il n’y a aucune limite fixée quant au montant de cette hausse. »
Et la situation pourrait durer. Les experts prévoient que les loyers à Sydney, et dans toutes les grandes villes australiennes, vont continuer d’augmenter rapidement pendant au moins les cinq prochaines années.
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