Reportage international

Pour protéger la biodiversité, les Britanniques sont invités à ne pas tondre

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C’est une initiative britannique qui fait des émules, au Canada, en Allemagne, aux États-Unis : pendant tout le mois de mai, les propriétaires de jardins sont invités à ne pas tondre. Lancée par une ONG de défense de la biodiversité, No Mow May, elle gagne des adeptes d’année en année depuis sa création en 2018.

Un jardin laissé en friche
Un jardin laissé en friche © CC0 Pixabay/Mirka
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De notre correspondante à Londres,

Dans les herbes hautes de ce jardin londonien, un petit chat noir somnole au soleil. Depuis l’année dernière, le maître de Caspar, Michael Dinsmore, remise la tondeuse quand arrive le printemps. 

« J’ai commencé fin avril. Nous avons un petit jardin, mais je ne vais pas tondre jusqu’à au moins la fin du mois, explique-t-il. Même dans notre petit jardin, quand on s’assied au jardin le week-end, on entend les bourdons, les abeilles… C’est un endroit relaxant. Mon chat aime bien aussi ! Et c’est vraiment facile à faire ! »

L’enseignant s’est inspiré de l’école où il travaille, Woodmansterne School. Le long des terrains de foot et de basket, un grand carré d’herbes hautes, de jeunes arbres et de fleurs des champs. « On ne tond rien d’autre que le chemin », poursuit Michael Dinsmore. « Quand l’herbe pousse, la biodiversité progresse : on a de nombreuses fleurs sauvages, des bleuets, des coquelicots ; cela attire de nombreux insectes. C’est formidable pour les invertébrés ! D’ici un mois, on entendra les sauterelles… Et les oiseaux : on voit des étourneaux, des mésanges, des merles… »

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Ici, pas de tondeuse toute l’année. L’endroit permet aux élèves, de la maternelle jusqu’au lycée, d’en apprendre davantage sur la chaîne alimentaire, la nature. Avec tout de même quelques précautions à prendre. « Avec les chemins qu’on a tracés, les enfants peuvent éviter les orties et les chardons. Le seul problème, c’est que comme il s’agit de plantes… Cela peut être embêtant pour ceux qui ont le rhume des foins, jusqu’en juin », concède-t-il.

Voir son jardin sous un autre jour

Le but de No Mow May, le mois sans tondeuse, ce n’est pas de ressortir la tondeuse à pétrole dès le 1er juin. Jo Riggall est la responsable gazon de l’ONG Plantlife, à l’initiative de No Mow May et basée au nord de l’Angleterre. « Nous encourageons les gens à faire des expériences, à voir leur jardin sous un autre jour, et à continuer leurs essais, voir quelles fleurs poussent en juin, en juillet… Par la suite, nous recommandons d’adopter une approche mixte à la pelouse », souligne Jo Riggall.

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À savoir, des parcelles d’herbe plutôt courtes pour les fleurs qui attirent les abeilles, et des zones plus hautes qui fournissent nourriture et abris pour les oiseaux, les amphibiens et les hérissons. Les particuliers participent, mais aussi des écoles comme Woodmansterne, et des conseils municipaux, pour un impact non négligeable, estime Jo Riggall. 

« Il y a plus de 23 millions de jardins au Royaume-Uni. Toutes ces parcelles de gazon s’additionnent et peuvent stimuler la diversité de la faune et de la flore des jardins. Pour que la biodiversité puisse se déplacer et s’épanouir, c’est important de bâtir un réseau d’espaces habitables. »

Malgré l’attachement des Britanniques à leurs pelouses impeccablement tondues, Plantlife revendique plusieurs milliers de participants. 

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