Reportage international

Allemagne: à Greifswald, un référendum local sur l'immigration dans un climat tendu

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Un référendum est organisé aujourd’hui à Greifswald, dans le nord de l’ex-RDA (République démocratique allemande), pour ou contre la construction d’un village de conteneurs, qui pourrait accueillir 500 réfugiés. Le vote se déroule dans un climat tendu, avec l’extrême droite de nouveau au plus haut dans les sondages dans le pays.

Vue de Greifswald, en Allemagne. Le projet de construire un village de conteneurs pour les migrants à côté d’une école a créé de vives tensions.
Vue de Greifswald, en Allemagne. Le projet de construire un village de conteneurs pour les migrants à côté d’une école a créé de vives tensions. © AFP/John MacDougall
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De notre correspondante à Berlin,

Michael Mahlburg reçoit dans son église. Le pasteur de Saint-Jacques monte les marches qui mènent vers la petite salle paroissiale réservée à l’accueil de la jeunesse. Il y a sept ans, il a fondé Greifswald für Alle, une association militant contre le racisme et les discriminations.

L’association appelle aujourd’hui, une nouvelle fois, à la tolérance : « Je crois qu’en Allemagne en général, et pas seulement à Greifswald, le centre de la société a glissé vers la droite », pointe Michael Mahlburg. « Là où il y a dix ans, on aurait dit, "bien sûr, on va accueillir des réfugiés", on se dit tout à coup, "mais on peut tout aussi bien dire non". Comme si tout relevait de la liberté d’expression… » 

Le village de conteneurs de la discorde

250 000 migrants sont arrivés en Allemagne l’an passé, soit 30 % de plus en un an. Un chiffre auquel il faut ajouter 1,2 million de réfugiés ukrainiens. La tâche est colossale pour les municipalités, chargées de l’intégration. Logement, scolarisation, cours de langue… Les maires doivent aussi gérer les inquiétudes d’une partie de la population. À Greifswald, c’est le projet de construire un village de conteneurs pour les migrants à côté d’une école qui a mis le feu aux poudres.

Un groupe de citoyens en colère, réputés proches de l’extrême droite, lance alors l’idée d’un référendum. « Les résistances et les protestations ont commencé à s’organiser, on s’est mis en route, on a étudié la possibilité d’organiser un référendum d’initiative populaire. Pour ça, il fallait réunir 4 000 signatures. On en a recueilli plus de 7 000 en deux semaines », explique Eva Nehmzow, membre de ce collectif. 

Un scrutin à l’issue incertaine

Dans son bureau de l’Hôtel de Ville, Stefan Fassbinder appelle au calme. « La question n’est pas de savoir si des réfugiés vont venir chez nous. La question, c’est sous quelle forme ils viennent chez nous, et comment sont-ils logés. Et comment on profite de cette situation, en tant que ville, car nous sommes confrontés à une pénurie criante en personnel qualifié », déclare Stefan Fassbinder.

À Greifswald, l’issue du scrutin est des plus incertaines. « Mon amie vient de Cuba et elle dit très clairement, celui qui va à Cuba et s’y comporte mal, il doit aussitôt repartir ! », explique un homme rencontré dans les rues de Greifswald. À la question de savoir si la société est divisée, une femme répond : « Je n’irai pas jusque-là, mais il y a deux camps, c’est vrai ».

Deux jeunes syriens poussent leur vélo dans la zone piétonne. Pour eux, c’est décidé : leur bac en poche, ils partiront l’année prochaine pour Dortmund, à l’autre bout du pays.

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