Malaisie: la police réquisitionne des montres aux couleurs LGBT
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Ce mois de juin est considéré comme le mois des fiertés, ou une célébration internationale qui rappelle le combat pour les droits LGBT+. En Malaisie, pays d’Asie du Sud-Est, il y a quelques semaines, la police s’est rendue dans plusieurs boutiques Swatch pour réquisitionner des montres LGBTQ, aux couleurs arc-en-ciel.

Dans une salle, quelque part en Malaisie, une exposition d’œuvres inspirées par la communauté LGBT+. Le lieu, discret, a décidé volontairement de ne pas communiquer sur les réseaux sociaux. Une précaution habituelle et nécessaire selon les organisateurs. Alors que l’affaire des montres Swatch est encore dans toutes les têtes, explique Viv : « C’était stupide et hilarant… Et comme les représentants de Swatch l’ont dit, je me demandais : comment vont-ils faire pour retirer les arcs-en-ciel du ciel ? Ensuite, que fait-on des arcs-en-ciel dans toutes les crèches ? Vont-ils retirer tout ça ? Et dans les dessins animés aussi ? Je me suis vraiment dit : "Est-ce que vous vous fichez de moi ?" »
« Les politiciens essayent d'être les plus populaires possibles »
Pour cette Malaisienne, l’objectif des politiques, est de capter l’attention : « Derrière, ce sont toujours des politiques qui utilisent la religion comme un moyen de rediriger un message ou l’attention d’un sujet à un autre… Si ce n'est pas pour ça, c’est pour obtenir des votes de conservateurs. Il y a une raison : on a les élections dans plusieurs États qui sont prévues très bientôt, donc tous les politiciens essayent d’être les plus populaires possibles, pour la majorité. Nous, nous sommes une minorité, on ne nous prend pas au sérieux. »
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À quelques mètres de là, toujours dans la galerie, l’artiste Lian Kian Lek explique son œuvre aux visiteurs : « Au début, je pensais que c’était une œuvre directement liée à ma sexualité, en tant qu’homme gay. Mais je pense que c’est surtout sur le fait d’être maître de son corps. »
Une oppression systémique contre la communauté LGBT+
Lui aussi suit de près l’actualité concernant la communauté LGBT+ dans le pays : « Pourquoi est-ce qu’ils ciblent un groupe alors que tu ne sais pas quantifier le préjudice derrière qu’ils causent à la société ? Pourquoi ne pas résoudre le problème économique ? Le problème de la pauvreté et de la nourriture ? Du gaspillage, qui est un problème important dans notre pays ? »
Plus globalement, selon Zaid Malek, porte-parole de l’association Lawyers for Liberty, il faut casser un schéma vicieux au sein de la société malaisienne : « On parle bien sûr de l’oppression systémique que la communauté LGBT rencontre en termes législatifs, mais aussi des difficultés qui s’agrandissent avec le regard de la société sur elle. En fait, c’est un cercle vicieux : le gouvernement continue à travers diverses problématiques de propager de la haine, la société va suivre, et puis parce qu’elle y croit aussi, ça va être aussi utilisé par le gouvernement pour avoir du soutien populaire… C’est un cercle vicieux qu’il faut casser. » Et les Malaisiens de la communauté LGBT+ espèrent un jour voir leur pays sortir de ce dernier.
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