Reportage international

Allemagne: les plus grandes manœuvres aériennes de l’histoire de l’Otan

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L’Otan a clos ce vendredi les plus grandes manœuvres aériennes de son histoire avec 25 pays qui ont engagé 250 avions. Entamées le 13 juin, elles étaient prévues depuis plusieurs années, mais prennent tout leur sens avec la guerre en Ukraine : au-delà des manœuvres dans le ciel allemand, de nombreuses sorties aériennes sont en effet destinées à des exercices de sécurisation des frontières orientales de l’Otan et donc face à la Russie. Reportage sur deux bases aériennes en Basse-Saxe près d'Hanovre et près de la frontière danoise.

Un chasseur F-16 de l'US Air Force décolle en marge d'un événement de presse marquant la conclusion de la manœuvre de l'armée de l'air «Air Defender 2023», à la base aérienne de Jagel, en Allemagne, le vendredi 23 juin 2023.
Un chasseur F-16 de l'US Air Force décolle en marge d'un événement de presse marquant la conclusion de la manœuvre de l'armée de l'air «Air Defender 2023», à la base aérienne de Jagel, en Allemagne, le vendredi 23 juin 2023. © Daniel Reinhardt / AP
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De notre envoyé spécial en Basse-Saxe,

Sur la base aérienne de Schleswig-Jagel, les chasseurs F16 de la garde nationale du Colorado et de l’Alabama décollent à un rythme effréné pour une des missions de ces grandes manœuvres organisées par la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande. Dans le scénario d’aujourd’hui, l’Allemagne est occupée et les escadrilles de chasseurs et de bombardiers doivent attaquer des avions ennemis et la DCA, les défenses antiaériennes. Comme toujours les amis sont en bleus et les hostiles sont en rouge.

Un signal pour l'Alliance 

Le général Ingo Gerhartz commande la Luftwaffe et pour lui tous les objectifs ont été atteints : « Je crois que le signal n’était pas de prime abord contre quelqu’un, mais le signal était pour nous. À notre alliance, mais aussi à notre population : que nous sommes en état de défendre cette alliance, de défendre ce pays, notre pays. Ce que j’ai trouvé remarquable sur les réseaux sociaux, ce sont les nombreux commentaires de gens, de notre population, qui demandaient : "Pourriez-vous s’il vous plaît survoler notre ville ? Pour montrer que vous êtes là ?" ; et cet appel au sentiment de sécurité, je l’ai trouvé remarquable. C’était un des buts essentiels de ces manœuvres, montrer que si on en arrive là, nous sommes en situation de défendre cette alliance – du côté des forces aériennes. »

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Au-dessus de l’Allemagne, mais aussi de la mer Baltique ou de la Roumanie, les 1 744 sorties aériennes durant « Défenseur aérien 2023 » envoient un message fort, selon le lieutenant-colonel Tatter Bourdeaux. Il commande une escadrille de la garde nationale aérienne de Louisiane surnommée Milice Cajun ou Milice Bayou : « Si vous vous en prenez à l’un d’entre nous, vous vous en prenez à nous tous, donc ce n’est pas une bonne idée de venir à nos portes, vous ne devriez pas souhaiter une guerre avec les Alliées, les États-Unis et l’Otan. Je crois vraiment que les Russes veulent la paix et on est là pour leur montrer qu’il y a des moyens d’atteindre la paix qui n’impliquent pas une action militaire. Le meilleur instrument de paix est une armée forte, c’est ce que nous voulons démontrer : il est mieux pour tous d’arriver à une solution pacifique, mais si on nous demande d’entrer en action, nous sommes prêts. »

Un déploiement et des manœuvres « uniques »

300 kilomètres plus au sud, près de Hanovre, sur la base aérienne de Wunstorf, le colonel Rusty Ballard commande l’escadre de transport logistique de l’Illinois et il se félicite du haut niveau d’intégration entre les avions de la garde nationale et ceux des Européens : « Nous avons vingt ans de déploiements pour la guerre contre le terrorisme, nous avons travaillé ensemble avec nos amis là-bas : cette "interopérabilité", c’est ce que nous essayons de construire – et aussi de maintenir cette capacité. Nous avons appris beaucoup durant cet exercice ; en particulier la Garde nationale aérienne. Nous avons dix États qui viennent avec différentes variantes du C130 Hercule, ça a été un exercice très fructueux. C’est la première fois que je vois la Garde nationale aérienne se déployer depuis les États-Unis pour des manœuvres et rien que ça, c’est vraiment unique. »

Dans le contexte d’une situation de plus en plus instable, ces grandes manœuvres aériennes sans précédent ont au moins prouvé aux aviations alliées qu’elles sont potentiellement capables de se déployer vers l’est de l’Europe si nécessaire.

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