Reportage international

Gaza: après un bombardement d'Israël, un enfant mort... de peur

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Au moins 176 Palestiniens tués depuis le début de l’année par l’armée israélienne ou par des colons juifs. Parmi eux, des combattants armés, mais aussi des civils, dont des enfants. Parmi eux, Tamim Daoud a une histoire tragique. Début mai, l’État hébreu a lancé une offensive contre Gaza et des bombardements ont terrifiés un enfant, à tel point que sont cœur a lâché. Il est littéralement mort de peur. Son père témoigne.

Bombardement israélien sur la ville de Gaza, le 13 mai 2021.
Bombardement israélien sur la ville de Gaza, le 13 mai 2021. AP - Hatem Moussa
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De notre envoyé spécial à Gaza,

Le visage du petit Tamim Daoud est affiché à l’entrée de l’immeuble, où il vivait avec sa famille. Une inscription: « Enfant martyr ». Des prières entourent la photo du jeune garçon. Sa grand-mère ouvre la porte. L’appartement est plongé dans la pénombre. Aucun membre de la famille n’a le courage d’évoquer la tragédie. La douleur est vive. Le père, Mohamed, accepte finalement de témoigner : « Tamim dormait avec ma femme et moi, dans notre chambre, cette nuit-là. Joudi, sa sœur aînée, était dans sa chambre à elle. Tout à coup, il y a eu une violente déflagration, qui a fait exploser les vitres. Il y avait de la fumée partout. L’explosion était tellement violente, que nous avons cru que c’était notre immeuble qui avait été ciblé. Tamim - paix à son âme - a poussé un puissant hurlement à ce moment-là ».

Après un cri... un état de choc 

Le père de famille prend alors sa femme et ses enfants, et trouve refuge dans l’appartement voisin, où vit la grand-mère. « Sur le coup, je me suis dit : Tamim est tétanisé par la peur, mais c’est normal, c’est un enfant, ça va lui passer. Jamais je n’aurais imaginé que ça allait se terminer par un drame. Après avoir poussé ce cri, il est resté prostré dans les bras de sa mère. »

« Il était en train de partir »

Dans le quartier, les secours interviennent, mais c’est pour porter assistance aux habitants de l’immeuble voisin, cible de la frappe israélienne. Chez la famille Daoud, l’état du petit se dégrade. Il se plaint de douleurs à la poitrine. Le père décide finalement de l’emmener à l’hôpital : « Les traits de Tamim avaient changé. Il avait vraiment l’air différent. Son visage, ses lèvres avaient changé de couleur. Il a commencé à taper sur sa poitrine, et il s’est effondré. Je l’ai porté, et j’ai commencé à courir dans la rue jusqu’à la voiture. C’était tellement dur de le voir dans cet état. Il a ensuite perdu totalement connaissance. Il a eu des spasmes. Je lui ai tenu les mains, et je l’ai supplié de rester avec nous ».

À l’hôpital, le petit est réanimé. Son cœur s’était arrêté. Il est alors placé en soins intensifs. « Plusieurs médecins sont venus me voir, poursuit le père. Ils m’ont dit : "venez auprès du petit". J’ai compris que c’était pour lui dire adieu. Il avait le souffle court… Il était en train de partir. Cette dernière image qui me reste de lui est très dure ». Né avec une malformation cardiaque, Tamim avait été opéré à l’âge de six mois. « S’il avait vécu ailleurs qu’à Gaza, il serait toujours en vie », conclut son père.

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