Neuf mois après la mort de Mahsa Amini, l'Iran vit une évolution sans précédent malgré la crise
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Près de neuf mois après la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour mauvais respect du voile, l’Iran vit une évolution sans précédent malgré la crise économique.

Dans les rues de la capitale et les autres villes du pays, le changement est visible. De plus en plus de jeunes ont cessé de porter le voile, comme le raconte Tanze, une jeune ingénieure iranienne d’une quarantaine d’années. « Je fais partie des femmes qui n’ont presque jamais porté le voile. Avant, j'avais un voile autour du cou et je le glissais sur mes cheveux lorsque cela devenait nécessaire. Aujourd’hui, ce foulard se trouve dans mon sac et lorsque ça s'impose, je le porte. La société se polarise, il y a celles qui veulent enlever le voile des autres femmes et celles et ceux qui veulent l'imposer. La couleur de la ville a changé, dans les cafés et les restaurants il y a de plus en plus de femmes non voilées. Mais je suis consciente que c’est une bataille ».
« Les femmes ont désormais plus d’audace »
Un avis partagé par Hasti, une décoratrice de 40 ans qui pense que la société iranienne est en pleine évolution, même s'il y a encore beaucoup de femmes qui continuent à porter le voile. « Les femmes ont désormais plus d’audace. Le fait de ne pas porter le voile crée une sorte d’unité. Lorsqu’on voit des femmes dans la rue ne pas porter le voile, on a le sentiment qu’elles nous ressemblent. Certaines portent le voile autour du cou, d’autres ne portent pas du tout de voile. Cela nous donne plus de pouvoir et le sentiment qu’on peut le faire. Malgré le fait qu’on est tous tristes, le fait qu'il y a crise économique. Ce n’est pas seulement le voile, c’est comme si on avait créé un nouveau langage entre nous ».
Mais la crise économique frappe durement les classes moyennes et beaucoup de jeunes pensent à partir comme le raconte Reza, un ingénieur de 39 ans. « Le pays va vers la banqueroute. La réalité est encore pire que ce qu’on voit, tout va mal. Quels que soient les métiers. Seuls les fonctionnaires touchent leurs salaires qui sont loin de répondre à l’inflation. Mais il faut rester. Ce qui a changé, c'est l’espoir. Lorsqu’on émigre, on tue l’espoir. J’ai encore l’espoir qu’on peut modifier les choses et apporter des réformes. Oui, le nombre de ceux qui partent ou veulent partir a fortement augmenté. Ils partent pour des raisons économiques. Mais ils le font les larmes aux yeux ».
Dans l’entourage de Reza, sur dix personnes qui voulaient rester et vivre en Iran, trois pensent désormais à partir. Un chiffre impressionnant.
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