L’Indonésie est le plus grand archipel du monde et le pays a ouvertement déclaré la guerre au plastique en 2017, en présentant un plan national de lutte contre ce fléau polluant. Alors qu’on estime que 73 % des déchets sur les plages sont du plastique, l’Indonésie n’échappe pas à la règle. Sur l’île de Bali, en 2017, les autorités locales avaient ainsi déclaré un « état d’urgence déchets » sur plusieurs plages, recouvertes d’emballages et de plastique en tout genre. Le phénomène se produit souvent lors de la mousson, mais en dehors de cette saison, il n'est pas rare non plus de voir du plastique et des déchets s'échouer. Sur place, les scientifiques et ONG se mobilisent.

De notre correspondante régionale,
Sur le port de Benoa, au sud de l’île de Bali, une équipe d’Indonésiens s’active sur le Mobula 8, un bateau mis à disposition par l’ONG The Sea Cleaners. L’objectif : collecter micro particules, macro déchets plastiques et hydrocarbures. Sous un soleil de plomb, Ketut, membre de l’équipage, regarde attentivement la pêche du jour : « Certains déchets proviennent de l’extérieur, mais on ne peut pas juste s’en laver les mains Le plus important c’est surtout : Comment on réduit nos déchets plastiques ? »explique-t-il.
Toutes les semaines, Ketut tente de sensibiliser de jeunes indonésiens, mais aussi des touristes, à la pollution plastique. Une manière de toucher les consciences qui agiront par la suite, et en conséquence, estime-t-il : « Un jour, ces jeunes indonésiens travailleront peut-être avec des gouvernants, ou seront peut-être eux-mêmes des gouvernants, et ils sauront comment réagir face à la pollution plastique. »
Pour ce défenseur de l’environnement, le but est de faire comprendre à la population que l’homme est au cœur de l’écosystème : « Si un poisson mange le plastique, où va le plastique ? Jusqu’à nous ! C’est pour ça… Si tu jettes tes déchets aujourd’hui et ici, et tu penses “Ok ça va disparaître”, mais tu as tort ! Ça va revenir à toi, peut-être après que ce soient devenus des micro plastiques, et quand tu iras au café manger un poisson grillé, tu ne sauras pas vraiment ce qu’il y aura à l’intérieur », raconte-t-il à ses interlocuteurs.
L'importance du tri sélectif
Parmi les solutions pour lutter contre le plastique à Bali, il y a donc le tri sélectif. Berthy, travaille pour une application lancée en Indonésie en 2019 : « Rapel », qui propose un service de collecte des déchets recyclables dont l’objectif est de guider l'utilisateur dans le tri de ses déchets, avant de demander leur ramassage.
« On a besoin de faire du tri sélectif, trier en fonction des catégories de déchets. Ensuite, le ramasseur va venir chercher les déchets. Si le tri n’est pas correctement respecté, le ramasseur va sensibiliser les utilisateurs… » explique l’ingénieur. « Si tu tries tes déchets correctement, tu obtiens le prix le plus intéressant, le plus élevé. Normalement, ça prend un ou deux essais aux utilisateurs pour comprendre. »
Pour l’instant, le constat est plutôt positif pour l’application qui agit surtout à Yogyakarta, sur l’île de Java, mais qui cherche aussi à se développer davantage à Bali.
Un long chemin qu'il reste à parcourir
En 2017, le gouvernement indonésien a publié un plan national de lutte contre la pollution marine notamment, avec pour but, la réduire de 75% d'ici à 2025. Mais, malgré les initiatives associatives et privées qui se multiplient, il y a encore beaucoup à faire, selon Gede Hendrawan, chercheur en environnement côtier et marin, à l’université Udayana à Bali.
« Bien sûr, l’éducation est une chose importante, mais l’autre chose importante que nous devons considérer, c’est renforcer la réglementation sur le plastique, et aussi les infrastructures. Vous savez, les ménages doivent faire du tri sélectif dans leurs maisons, mais ce n’est pas suivi par de bonnes infrastructures. Une autre grosse problématique ici, c’est aussi le financement. »
De son côté, les autorités indonésiennes ont annoncé vouloir imposer une interdiction des produits en plastique à usage unique, d'ici à la fin de 2029.
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