Reportage international

Un nouveau parlement pour une «nouvelle Inde»: Narendra Modi refaçonne sa capitale

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Pendant que Narendra Modi s'apprête à assister au défilé du 14-Juillet dans la capitale française, la capitale de l’Inde, New Delhi, est en pleine transformation. Le Premier ministre a impulsé une refonte du centre politique du pays, inspirée par l'idéologie nationaliste hindoue de son parti, le BJP. La construction, notamment, d’un nouveau parlement géant suscite la polémique.

Le nouveau parlement Indien, à New Delhi.
Le nouveau parlement Indien, à New Delhi. © RFI/Côme Bastin
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De notre envoyé spécial à New Delhi,

À New Delhi, deux parlements se font désormais face, mais tout les sépare. L'un fut construit par les Britanniques en 1921, puis approprié par la jeune République indienne. L’autre, quatre fois plus grand avec 65 000 m2, vient d'être inauguré par Narendra Modi, comme le symbole d’une « Nouvelle Inde ».

« Ce quartier a été construit pour les besoins des impérialistes britanniques. Aujourd’hui, nous avons besoin d’institutions administratives plus efficaces et modernes, capables d'accueillir plus de députés. C’est pour cela que le centre de New Delhi est en train d'être repensé », explique Abhinav Prakash, le vice-président de la branche jeunesse du BJP, le Parti de Narendra Modi. Il nous a donné rendez-vous sur l’artère centrale de New Delhi, récemment rénovée. Tout autour, les futurs sièges des ministères de l’Inde sont en construction. « Cet axe s'appelait l’avenue des rois, en référence aux britanniques, c’est désormais l’avenue du devoir, tout un symbole ! Devant nous se dresse la statue de Subhas Chandra Bose, héros de l’Indépendance indienne, qui a remplacé celle du roi anglais George V », explique-t-il.

« Débarrasser l’Inde de l’esclavage »

Le nouveau visage de Delhi doit selon Narendra Modi, « débarrasser l’Inde de l’esclavage ». Les symboles britanniques disparaissent, mais pas seulement. Les jardins dits moghols, du nom de l’empire musulman qui a façonné l’Inde pendant des siècles, ont, eux aussi, été renommés, au motif qu’il « glorifiaient des envahisseurs ». Cette lecture de l’histoire s’inscrit dans l’idéologie nationaliste hindoue et ne fait pas l’unanimité. 

« Je ne suis pas contre la modernisation et le développement de Delhi. Mais il n’y a eu aucune consultation sur ce projet gigantesque. La construction d’un nouveau parlement, par exemple, dans une démocratie, doit associer toutes les sensibilités politiques », estime Karti P Chidambaram, député du Congrès National Indien. Aux côtés de la plupart des partis d’opposition, il a boycotté l’inauguration du parlement géant, officiée par Narendra Modi en présence de prêtres hindous. « C’est la présidente de l’Inde, garante des institutions, qui aurait dû inaugurer ce parlement, pas le Premier ministre ! Il n’est pas le chef du Parlement. Narendra Modi pratique le culte de sa personnalité, comme beaucoup de dirigeants autoritaires », dit-il.

Parmi les passants, les avis sont partagés. Une étudiante est assise dans l’herbe avec ses amis. « Ce nouveau parlement va renforcer le prestige de l’Inde. Mais je pense que ce n’était pas une urgence. Depuis le Covid, l’économie est en mauvais état. Cet argent aurait été mieux utilisé pour soutenir les petits entrepreneurs ou les agriculteurs », indique-t-elle. 

Les travaux dans le centre de la capitale devraient s’achever en 2026 et coûter deux milliards d’euros. 

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