Belgique: la ville de Gand se protège du tourisme de masse pour ne pas en être souffrir
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Barcelone, Amsterdam, Venise, des villes touchées par le surtourisme. Ce qui a parfois provoqué la colère des habitants. Alors aujourd'hui, certaines villes pas encore confrontées au problème, mais qui pourraient l'être un jour commencent à prendre les devants. C'est le cas à Gand, en Belgique, vieille ville médiévale très touristique.

De prime abord, on se demande bien pourquoi il faudrait réguler le flux de touristes. Car sous l'accablant soleil de juillet, si ceux-ci sont certes nombreux à se promener à la découverte des rues pavées du centre-ville de Gand, ils ne sont pas trop nombreux. Les premiers à s'en réjouir sont d'ailleurs les touristes eux-mêmes, comme Léonne, venu de Londres pour profiter de l'autre Venise du Nord.
« On est très loin d'une ville surchargée ! C'est très plaisant. Ce n'est pas comme à Barcelone où il y a trop de monde ! Pour moi c'est l'équilibre parfait ! »
Au pied des façades flamandes, on croise bien quelques groupes importants menés au pas de charge par un guide armé d'un parapluie, mais la ville ne leur appartient pas. On rencontre aussi beaucoup d'habitants ou de travailleurs en pause déjeuner. Le tourisme n'est pas la seule activité ici. L’équilibre est parfait, mais tout l'enjeu, c'est de réussir à le maintenir, jugent les Gantois.
« C'est très bien pour la ville qu'on ait autant de touristes, cela montre que c'est une très belle destination, on en est fiers. Mais bien sûr, il faut aussi qu'on contrôle les possibles excès qui pourraient arriver avec le tourisme de masse. Vous avez dû le voir, le soir l'ambiance est détendue ici, mais quand trop de touristes ivres arrivent des Pays-Bas ou du Royaume-Uni, l'atmosphère peut vite changer. Et je crois qu'il faut que l'on protège cela et que l'on dirige nos efforts vers le bon public et que l'on vise un certain type de touristes. »
C'est toute l'ambition de la mairie : agir en prévention pour à la fois garder une ville authentique, un cadre de vie agréable pour ses habitants et éviter aussi de devenir une cité musée, alors que le tourisme a augmenté de 10% après la crise du Covid. « On ne veut ni devenir Bruges, ni Amsterdam, ni Barcelone. Il est nécessaire de réfléchir et de prendre des mesures aujourd’hui et ce n’est pas trop tard », affirme Bram van Braeckevelt, échevin au tourisme.
Imposer des taxes de séjour
Une des premières mesures phares de la mairie concerne l'hébergement. Aucun nouveau gîte touristique ne peut plus être ouvert et à partir de 2024, les hébergements en AirBnB devront payer la taxe de séjour : « Six euros parce que l’on voit qu’il y a une grosse concurrence pas très correcte avec les hôteliers… »
Autre secteur dans le viseur de la mairie, celui des croisières et des bateaux qui déversent leur flot quotidien de voyageurs, seulement pour quelques heures. Leur nombre a été limité. Rudy Deuvitte, président des hôteliers gantois, estime que ces touristes-là n'amènent rien à la ville : « Ils arrivent, ils sont 600 mais ils ne dépensent pas un centime dans la ville. Ils ne vont pas au restaurant par exemple, ils mangent sur le bateau. »
Selon une note municipale, un touriste qui reste plusieurs jours dépense en moyenne 163 € en vingt-quatre heures, alors qu'un visiteur à la journée ne dépense que 81 euros. Cela a aussi aiguillé la municipalité dans ses priorités : limiter Airbnb pour privilégier l'hébergement à l'hôtel afin de préserver l'équilibre entre les retombées économiques du tourisme et la quiétude des Gantois.
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