Italie: plan de relance de l'UE, le temps presse pour les entreprises italiennes
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L’Italie est en retard sur son plan de relance post-Covid. Première bénéficiaire du plan européen Next Generation EU, elle peut prétendre à une aide de plus de 190 milliards d'euros. Mais, en mars, selon la Cour des comptes italienne, seulement 12 % des fonds prévus pour le Plan national de relance et de résilience avaient été mobilisés... Résultat, les déblocages des fonds par Bruxelles prennent aussi du retard. La mise en œuvre de certains projets prend des airs de course contre-la-montre, c'est le cas de projets d'aménagement liés au port de Gioia Tauro.

De notre envoyée spéciale en Calabre,
Au fond du dédale d'une zone industrielle, quelque peu désolée, les locaux de la Zone économique spéciale (ZES) de la Calabre. Objectif de cette ZES : redynamiser le territoire en profitant entre autres du port de Gioia Tauro. Pour cela, Giuseppe Romano, commissaire extraordinaire de la ZES, compte en partie sur le plan de relance : « Le plan national de relance et de résilience finance des travaux dans la ZES pour 111 millions d’euros. Ces projets portent sur l’adaptation des routes et des autoroutes et les échangeurs autoroutiers, les quais portuaires et les voies ferrées. »
Un espoir... presque palpable
Mais tous les marchés publics n'ont pas encore été attribués… Or, le temps presse. « Le plan prévoit que les travaux commencent avant la fin de l'année, poursuit le commissaire, et ils devront être terminés d’ici à mi-2026. On est encore dans les temps. Quand le commissaire de la ZES est responsable du projet, il peut déroger au Code des marchés publics. Cela réduit beaucoup les délais. Si l’on utilisait cette procédure, c'est sûr, on parviendrait à faire démarrer les travaux dans les six mois. Avec les procédures classiques, c'est encore faisable, mais cela ne laisse pas énormément de temps. »
L'espoir que ces infrastructures donnent un coup de pouce à l’économie de la région, qui accusait en 2021 le PIB par habitant le plus bas du pays. « Cela serait très bénéfique, surtout en termes de PIB. Si ces projets sont faits, cela permettrait d'accompagner les entrepreneurs qui viennent investir en facilitant de transit des marchandises », précise Guiseppe Romano. Les projets financés par le plan de relance complèteraient l'action de la ZES pour favoriser le développement ou l’implantation d’entreprises. Une aide dont a bénéficié la conserverie de thon Callipo.
Une mise en œuvre remise en question
Dans l’une des halles du site actuel, des ouvrières découpent à la main des petits filets de thons, d’autres remplissent les bocaux. En 110 ans d’existence, l'entreprise s’est déjà transformée. Le site actuel, devenu trop étroit, une partie de l'activité va déménager, raconte Filippo Callipo, quatrième génération à la tête du groupe familial : « On a acheté un autre hangar à côté de celui que l’on a déjà dans la ZES. On a présenté notre projet au guichet unique de la ZES, et là un miracle s'est produit. En une semaine, le commissaire de la ZES nous a accordé la licence. »
Filippo Callipo craint que les projets du plan de relance ne voient pas aussi rapidement le jour : « Toutes ces choses devraient faciliter l’activité, aider le territoire. Mais il faut le mettre en œuvre... Et là-dessus, j'ai des doutes. » Filippo Callipo espère que la manne du plan de relance ne se transforme pas en plan sur la comète.
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