En Malaisie, comment protéger les tortues marines?
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En Malaisie, de nombreuses associations tentent de protéger la faune et la flore, mises en danger par le réchauffement climatique, mais aussi la pollution. Parmi les animaux concernés : la tortue marine. Une problématique qui va bien au-delà des frontières du pays. Deux espèces sont notamment présentes sur les plages malaisiennes : la « tortue verte » (« Green sea turtle »), et la « tortue imbriquée » (« Hawksbill turtle »), respectivement considérées comme en danger, et en danger critique.

De notre correspondante à Kuala Lumpur,
Sur une plage de l’île de Tioman, une petite lumière avance le long du rivage. Lampe de poche à la main, Mislina Mustafa, responsable de l’Association Juara Turtle project regarde attentivement les traces sur le sable, à la recherche d’une potentielle tortue. « On doit patrouiller toute la nuit, car on ne sait pas quand les mères viendront pondre ici », explique-t-elle. « Elles peuvent venir à n’importe quelle heure, surtout lorsqu’il y a peu de lumière qui émane des campings de la plage... »
La plage de Juara en question est un repaire pour certaines tortues. L’espèce revient toujours sur le lieu de sa naissance pour, à son tour, y enterrer ses œufs. Un instinct naturel sur lequel compte l’association pour pouvoir assurer la préservation de l’animal. Ainsi, Mislina et son équipe veillent chaque nuit dans la zone, pour repérer des tortues creusant un nid. Sur la plage, la responsable de l’association continue sa patrouille au milieu de la nuit, et s’arrête devant un ancien nid : « C’est un gros trou qu’elle laisse derrière elle, mais en fait, le vrai nid où elle a pondu, est un peu plus loin, où l’on peut voir un petit tas de sable qui dépasse. Elle le camoufle », détaille-t-elle. « Une mère va venir 6 à 8 fois par saison. Elle vient, elle pond, elle repart dans l’eau pendant deux semaines pour manger et faire des rencontres. Et après les deux semaines, elle revient pondre, puis repart encore… »
Lorsqu’une mère pondeuse se rend sur la plage, l’association met à l’abri les précieux œufs en assistant, en amont, à tout le processus de ponte. Un processus qui peut prendre une heure et demie, et même plus. « Après avoir récupéré les œufs, on les dépose dans cet enclos », explique Mathis, un bénévole français. « Le grillage est enterré à plus d’un mètre de profondeur, et le tout est mis sous cadenas : le but est de protéger les œufs des prédateurs et braconniers. »
Le réchauffement climatique, un danger pour la survie de l'espèce
Sur le toit de cet enclos implanté sur la plage : une toile noire, accompagnée de capteurs de températures. « Le sexe de l’embryon dépend de la température », souligne Mathis. « Si la température est à 29 degrés dans le nid, il n’y aura que des femelles qui sortiront des œufs... Avec le réchauffement climatique, et sans intervention humaine, on risque de n’avoir surtout que des femelles, ce qui met en danger l’espèce... »
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Un triste état des lieux contre lequel l’association tente de lutter à son échelle, alors qu’une autre problématique de taille empoisonne également les tortues : le plastique. Dans les locaux de l’association, Sharnieta, spécialiste des micro plastiques, a fait plusieurs autopsies de l’espèce, et le constat est sans appel. « La dernière tortue qu’on a autopsiée s’était étranglée avec du filet de pêche. Lorsqu’on l’a ouverte, il y avait des petits morceaux de plastique. Sauf que le plastique ne se décompose pas, il se désagrège uniquement en petits morceaux, mangés ensuite par des petits organismes… Le problème avec le plastique, c’est qu’on n'a aucun moyen de le faire disparaître. La seule solution, c'est de le réduire. » L’association, comme beaucoup d’autres en Malaisie et ailleurs, mise ainsi sur la sensibilisation des populations du monde entier.
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