Colombie: les habitants de Medellin victimes de l’essor du tourisme et des «digital nomads»
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Le tourisme commence à faire vivre un cauchemar aux Colombiens dans certaines villes. Hausse du coût de la vie, des prix des projets immobiliers, des loyers, croissance de l’offre AirBnB au détriment de la location d’appartements pour les Colombiens. C’est le cas de Medellin, à Poblado, le quartier le plus touristique de la ville.

De notre correspondante à Medellin,
Peu importe l’heure, sur la calle 10 qui mène au quartier Poblado, la circulation et le bruit sont omniprésents. L’une des rues les plus commerçantes, la rue Provenza, fait régulièrement le plein. Ses restaurants, bars, cafés et discothèques sont les sites préférés des étrangers. Hyuntae Jeong est coréen. Ce trentenaire est installé depuis plusieurs mois à Medellin : « Je suis traducteur. Et j’ai choisi de vivre à Medellin, tout d’abord pour le climat. Il n’y fait ni trop chaud, ni trop froid. Et aussi parce que les gens sont sympas, agréables. La Colombie n’est pas le pays le moins cher, mais il est très accessible. Pour moi, c’est important que l’endroit, où je vis, soit bon marché. »
Comme Hyuntae, des milliers de touristes et de « digital nomad », viennent à Medellin chaque année. Ce sont des personnes qui vivent en Colombie en gagnant un salaire provenant de l’étranger, un salaire payé en dollars ou en euros. Ce qui est bon marché pour eux, devient alors trop cher pour les Colombiens. Dans le pays andin, le salaire minimum n’atteint pas les 300 euros par mois.
Les effets négatifs de la gentrification
Camila Salazar tient un restaurant grec depuis cinq ans sur Provenza. Cette Colombienne native de Bogota vit à Medellin depuis 10 ans. Elle confirme les changements : « Nous avons dû déménager trois fois en deux ans. On vit près de Provenza. On voulait rester proche du restaurant en cas de besoin. À chaque fois, les propriétaires nous ont demandés l’appartement pour le mettre en location sur Airbnb. Car ils se sont rendus compte que c’était plus rentable. En Clair, ce qu’une personne locale peut payer en un mois de loyer, un étranger le paye en une semaine. Maintenant, c’est très dur de trouver un appartement dans ce quartier car presque tout est en location Airbnb et ensuite parce que tout est extrêmement cher. »
Natalia Castaño Cardenas, architecte et urbaniste de l’Urbam (Centre d’études urbaines et environnementales de l’université EAFIT de Medellin) : « Il faut mettre en perspective les effets négatifs de cette gentrification. Il y a le problème de cohabitation dans les quartiers qui se complique à cause du bruit des commerces et la mauvaise gestion des poubelles. Les quartiers urbains perdent alors leur qualité de vie. Et ensuite, un autre sujet est très critiqué. Le fait que la prostitution et le trafic de drogue se sont développés dans ces quartiers. »
Medellin souffre depuis plusieurs années d’un manque croissant de biens immobiliers. Aujourd’hui, seulement 36 % des biens sont à louer. Pourtant, le tourisme est nécessaire à Medellin. C’est une des sources de revenus les plus importantes pour la ville. L’an dernier, Medellin a reçu près de 1,5 million de touristes soit plus 49% de plus qu’avant la pandémie.
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