Trente ans après les Accords d'Oslo, les espoirs ternis de Palestiniens
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Il y a 30 ans, une poignée de main pour l’Histoire. À Washington, en septembre 1993, le leader palestinien Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhaq Rabin, côte à côte, signent les Accords d’Oslo. Ces accords posent les bases pour la résolution du conflit israélo-palestinien. À l’époque, ils sont considérés comme un véritable espoir de paix. Mais pour les Palestiniens d’aujourd’hui, la jeune génération née après ces accords, ils sont au contraire un piège désastreux.

De notre correspondant à Jérusalem,
Depuis sa fenêtre, Ayman domine la ville palestinienne d’Hébron. « Je suis né en France. Et après les Accords d’Oslo, on est revenus en Palestine, mon père, ma mère, ma sœur et moi. J’avais un an. J’ai grandi en Palestine. »
Son père fait partie de ces milliers de Palestiniens exilés, rentrés au pays, grâce aux Accords d’Oslo. « Les gens de ma génération ont beaucoup moins d’espoir. On est né et on a grandi avec les Accords d’Oslo, qui avaient déjà été mis en place. On a uniquement vu la situation empirer », poursuit Ayman.
Les Accords d’Oslo ont pourtant permis la création de l’Autorité palestinienne, un début d’autonomie. Initialement, ils devaient aboutir à la fin de l’occupation israélienne. Mais durant les années qui ont suivi leur signature, un enchaînement d’évènements va mettre un coup d’arrêt brutal à ce processus. L’assassinat du Premier ministre israélien, par un jeune juif opposé à ces accords. Des attentats de part et d’autre, et la poursuite de la colonisation israélienne.
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« Les Accords d’Oslo ont piégé l’Autorité palestinienne »
Résultat : des années de flottement. Une absence de volonté politique, locale et internationale et un leadership palestinien qui a complètement disparu. « Les Accords d’Oslo qui ont créé l’Autorité palestinienne ont fini par transformer l’Autorité palestinienne en une espèce de sous-traitant de l’occupation », estime Ayman. « L’Autorité palestinienne gère la population palestinienne, sans avoir aucune souveraineté, sans aucun pouvoir politique sur le terrain. Les Accords d’Oslo ont piégé l’Autorité palestinienne dans cette position. »
En parallèle, Israël a continué de grignoter la Cisjordanie, rendant quasiment impossible l’établissement d’un futur État palestinien. « Accords ou pas, la politique israélienne a toujours été la même : la poursuite de l’occupation et de la colonisation », ajoute Ayman. « L’État d’Israël opère dans une logique territoriale maximaliste. Les Israéliens veulent le moins de Palestiniens possible, avec le moins de pouvoir politique. Ils essayent d’effacer notre "palestinienneté". Et c’est pour ça que l’on n’a pas vraiment espoir. »
Malgré toutes ses critiques, Ayman admet, en guise de conclusion : « J’ignore si ça n’aurait pas été pire, sans les Accords d’Oslo… »
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