Élections régionales en Allemagne: en Bavière, la CSU menacée par sa droite
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Deux élections régionales test se déroulent ce dimanche en Allemagne, en Hesse et en Bavière. La seconde est particulièrement suivie. Le parti dominant, les chrétiens sociaux de la CSU arriveront comme depuis des décennies de loin en tête, mais ils sont menacés d’un score historiquement bas.

De notre correspondant à Berlin,
Ebersberg, près de Munich. Les flonflons sont au rendez-vous pour le meeting électoral de la CSU avec en guest star, l’homme fort de la région, le patron du parti qui dirige la Bavière, Markus Söder. « Nous sommes la région la plus forte économiquement, la plus innovante et la plus sûre. 90% des personnes sur notre planète nous envient », lance l'intéressé.
La Bavière, première de la classe, c’est un grand classique de tout meeting de campagne de la CSU. Et pourtant, l’élection de dimanche s’annonce difficile pour le parti qui domine la politique régionale depuis des décennies. Il est crédité de 36% dans les derniers sondages. Un score historiquement bas. « C’est un tribun qui chauffe les salles. Vous l’avez entendu. Mais ça ne sera pas facile. J’espère qu’on fera mieux qu’il y a cinq ans. On a perdu du terrain dans les sondages », s'alarme un membre de la CSU.
L’impopularité du gouvernement fédéral ne profite pas à la CSU, même si les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux, au pouvoir à Berlin, sont en Bavière sur la défensive. La population est inquiète. Comme l’explique cette dame alarmée par la loi chauffage du gouvernement fédéral : « Insupportable ces changements qui nous sont dictés pour les chauffages... Comment je dois payer ? Tout doit changer aujourd’hui. »
L'extrême droite en progression
Les grands gagnants annoncés de ce scrutin sont à chercher à la droite de la CSU. Ce sont d’abord les alliés de Markus Söder, les Freie Wähler, un parti indépendant qui s’est développé dans les communes rurales et fait campagne contre des changements inconfortables. Sous l’impulsion de son leader, Hubert Aiwanger, il a pris un virage populiste qui a culminé ces dernières semaines avec une affaire de tract antisémite remontant à la jeunesse de Aiwanger. À l’arrivée, son frère en a assumé la paternité. Les Freie Wähler ont depuis fait un bond dans les sondages et profitent d’un mouvement de solidarité d’électeurs contre l’establishment. Sarah, 23 ans, a voté la dernière fois comme ses parents pour la CSU. Cette fois, elle votera pour le parti d’Hubert Aiwanger : « Même si ces accusations étaient vraies, je pense qu’il a changé. »
Comme ailleurs en Allemagne, le parti d’extrême droite AfD va améliorer son score avec une direction qui appartient à la branche la plus radicale du mouvement. Markus Söder a toujours résolument combattu l’AfD et tout compromis. « Ça nous fait très peur, confie Renate, électrice de longue date de la CSU. Nous avons connu Hitler ou nos parents. Ça ne peut pas se reproduire. »
Markus Söder veut renouveler son alliance avec les Freie Wähler. Un recul dans les urnes de la CSU ne devrait pas le déstabiliser en Bavière, mais pourrait en revanche nuire à ses ambitions nationales.
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