Liban: l'accès à l'éducation reste limité pour les enfants syriens
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Au Liban, à la veille de la rentrée scolaire prévue début octobre, de nombreuses écoles publiques restent fermées à cause du manque de budget du ministère de l’Éducation et de la crise économique. Cela impacte les écoliers libanais bien sûr, mais aussi les réfugiés syriens, encore plus vulnérables.

De notre correspondante de retour de Ksara,
La Vallée fertile de la Bekaa accueille plusieurs centaines de milliers de réfugiés syriens. Ils vivent dans des camps informels, faits de taules et de bois. Dans le village de Ksara, au milieu des baraquements, l’Association Beyond dispense des cours de mathématiques et de lecture rudimentaire pour les enfants syriens qui n’ont pas accès aux écoles publiques.
Dans la salle de classe colorée, la petite Zahra Jassem, 11 ans : « J’aime le centre, j’y vois mes amis. Ici, j'ai appris à compter, j’ai appris les lettres de l’alphabet. Mais les cours sont difficiles. » Zahra a du mal à suivre car cela fait 4 ans qu’elle est déscolarisée : « Je dois souvent aller travailler. Je cueille du raisin. Je travaille de 6h du matin jusqu’à 16-17h. Je suis payée à la journée. Il y a des jours, je gagne 2,5 dollars et d’autres où je gagne 2 dollars. »
Zahra n’a connu les bancs de l’école que deux ans. Elle était alors scolarisée dans un établissement public de la région grâce au système de double horaire, le matin les cours pour les Libanais et l’après-midi pour les Syriens. Mais à cause de la fermeture des écoles durant la pandémie de coronavirus et de l’effondrement du système scolaire dû à la crise, Zahra ne peut plus étudier, au grand dam de sa mère Nouria Jassem : « Vous voyez notre situation économique, on ne s’en sort pas. On a besoin que tous les membres de la famille aient un emploi pour manger. J’ai une fille et deux garçons qui travaillent. Ils sont tous ouvriers. Zahra vient à l’association, au moins elle apprend quelque chose ici. Mais souvent, elle doit aussi aller travailler avec ses frères et sœurs à cause de notre situation », regrette sa mère.
« C’est une génération détruite »
Véritable bouée de sauvetage, les écoles informelles comme Beyond sont les derniers îlots de sécurité pour les jeunes réfugiés. Grâce à des financements norvégiens, Maria Assi, la directrice, y accueille tous les jours près de 300 enfants dont la plupart travaillent à côté comme Zahra.
« Il y a des enfants qui font des tâches faciles et d’autres des travaux très lourds, comme la mécanique, certains travaillent dans la rue, dans l’agriculture ou sont livreurs. Il y a des situations dangereuses où par exemple certains se retrouvent dans les mains de réseaux de groupes armés ou de trafiquants de drogue, explique la directrice de Beyond. Ces enfants sont victimes de la situation. C’est une génération détruite. »
D’après les Nations unies, seuls 3% des réfugiés syriens au Liban réussissent à obtenir l’équivalent du baccalauréat, précieux sésame pour des études universitaires.
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