Suède: plusieurs secteurs en grève par solidarité avec le mouvement social des employés de Tesla

En Suède, les ateliers Tesla sont en grève depuis trois semaines, car le géant américain de la voiture électrique refuse de signer une convention collective. Une grève qui s’étend à d’autres secteurs qui bloquent les activités de Tesla en signe de solidarité : à partir du 24 novembre, les voitures Tesla ne seront plus déchargées dans les ports suédois. Cela fait 30 ans qu’on n’a pas vu un conflit social dans ce pays nordique où le marché du travail n’est pas encadré par la loi, mais réglé par ces accords de branche. C’est donc au fondement même du modèle social suédois que s’attaque Tesla.

Les dockers des quatre plus grands ports suédois ont décidé mardi d'arrêter la livraison de véhicules Tesla afin d'accroître la pression sur le constructeur automobile pour qu'il accepte les revendications des métallurgistes. (Image d'illustration Un navire est amarré au port de Malmö en Suède, le 7 novembre 2023). AP - Johan Nilsson

De notre correspondante à Stockholm,

Chaussures rembourrées, vêtements chauds, des brioches à la cannelle et beaucoup de café. C’est vital pour tenir le piquet de grève alors que les températures frisent zéro degré. Dans son gilet jaune, posté devant cet entrepôt de Tesla, où arrivent par camion les voitures destinées à la vente, Elvis constate que le géant américain parvient à contourner les blocages : « Trois camions sont arrivés avec des voitures neuves aujourd’hui, ce sont des transporteurs étrangers, ils arrivent d’autres pays maintenant. Tesla a visiblement embauché ses propres conducteurs : ils portaient un tee-shirt avec le logo de Tesla. Ça, c’est nouveau. »

En Suède, les transporteurs, les dockers, les garagistes affiliés, les électriciens refusent d’acheminer ou de réparer des Tesla, et les postiers vont désormais arrêter de livrer le courrier. Si la grève s’étend à toujours plus de secteurs, c’est qu’elle a du mal à prendre à l’intérieur même des ateliers. « Il y a beaucoup de jeunes, non-syndiqués, souvent, c'est leur premier emploi, ils n’ont pas de famille, ils ne comprennent pas l’importance d’avoir une convention collective qui garantit une retraite, des assurances, des bénéfices », explique Arturo Vasquez, porte-parole du syndicat IF Metall. « Cette lutte avec Tesla est très importante. Ça va envoyer un signal non seulement en Suède, mais partout en Europe sur l’importance des syndicats et des conventions collectives. En Allemagne aussi, il y a un conflit avec Tesla. Donc, il faut qu’on s’entraide maintenant. Sinon, on va se retrouver comme aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Inde, en Chine, sans droits. Notre syndicat a les moyens, nous sommes l’un des plus riches de Suède, peut-être même en Europe, donc on va se battre. »

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Soutien des patrons

Emmitouflé jusqu’au nez, Joël est ouvrier à Scania, le grand constructeur suédois de poids lourds. Il a obtenu la permission de son employeur, de rejoindre le piquet de grève sur son temps dédié aux activités syndicales. Un signe, concret, du soutien des patrons : « La confédération patronale nous a apporté publiquement son soutien sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas seulement pour les droits des salariés qu’on se bat, pour les entreprises aussi, contre la concurrence déloyale. »

Pour inciter le personnel de Tesla à rejoindre la grève, les syndicats compensent désormais les salaires à hauteur de 130%. Faire plier Tesla, à tout prix, pour garantir l’avenir du modèle social suédois. Le conflit pourrait durer des mois.