Reportage international

La crise sociale au Panama liée à l'exploitation des mines

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Au Panama, cela fait maintenant plus d'un mois que l'activité quotidienne est perturbée par les blocages et manifestions contre le renouvellement pour quarante ans d'un gigantesque contrat minier avec une entreprise canadienne pour l'exploitation de la mine de cuivre de Donoso. La mobilisation perdure dans tout le pays et la population en général semble toujours aussi remontée contre la décision gouvernementale. Pourtant, cette situation est difficile à vivre pour beaucoup, entre embouteillages permanents, problèmes d'approvisionnement, grève générale de plusieurs secteurs, dont l'éducation. Mais puisque la Cour suprême pourrait rendre très prochainement une décision sur la constitutionnalité du contrat minier, les Panaméens ne veulent pas faire baisser la pression, et acceptent encore les sacrifices.

Manifestation nocturne contre l'exploitation de la mine de Donoso par une entreprise canadienne, le 8 novembre 2023 à Panama.
Manifestation nocturne contre l'exploitation de la mine de Donoso par une entreprise canadienne, le 8 novembre 2023 à Panama. © Arnulfo Franco / AP
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De notre correspondant à Panama,

Cette manifestation a lieu dans une petite ville sur les hautes terres du centre, mais depuis cinq semaines, on entend les mêmes slogans tous les jours, partout au Panama. Le mouvement de protestation reste populaire, en dépit des contraintes au quotidien pour chacun. À cause de la fermeture fréquente de la route panaméricaine, beaucoup de fruits et légumes sont introuvables, ou bien vendus à un prix exorbitant.

« Les problèmes concernent ce qui est produit localement, dans la région de Chiriqui, et qui doit être transporté par les routes de l’intérieur », explique Tere, qui tient une épicerie. « Depuis qu’il y a les blocages, je n’ai plus vu une seule carotte. De la salade, c’est difficile d’en trouver, il y en a un peu, mais elle arrive déjà toute fripée. Les pommes de terre coûtent très cher, et des bananes, il n’y en a pas du tout... »

Des rues paralysées

En ville, les blocages de carrefours menacent le moindre déplacement, événements culturels ou sportifs sont pour la plupart reportés. Seslava Mendieta, physiothérapeute, soutient sans ambiguïté la contestation, mais a dû s’adapter professionnellement.

« La conséquence principale a été sur les horaires », dit Seslava Mendieta. « On démarre désormais les consultations à 8h du matin, parce qu’à partir de midi ou 13h, ça devient le chaos ici et tout autour. Pour les patients, c'était souvent impossible d’accéder à la clinique, on a dû annuler plusieurs sessions. Et c’est encore pire dans la soirée, il y a parfois eu du vandalisme après 21h. Alors comme la façade de la clinique est vitrée, on a été obligé de la protéger avec des planches de contreplaqué. »

« C'est difficile pour tout le monde, mais on s'est organisé »

Au Panama, les écoles avaient été fermées pendant deux ans à cause du Covid-19, et le sont de nouveau depuis un mois. Xiomara s’inquiète pour ses enfants de 7 et 12 ans.

« Les professeurs n’ont toujours rien communiqué depuis le début de la suspension des classes. On attend, on attend, mais rien », constate-t-elle. « Et donc les enfants n’ont rien à faire, pas de devoirs... Au lieu de progresser, ils régressent. Moi, je continue à travailler donc j’ai dû prendre une deuxième nounou pour s’occuper d’eux le matin, quand ils sont censés être à l’école. C’est difficile pour tout le monde, mais on s’est organisé, elles se partagent le salaire que je peux donner. »

Mais cette femme de ménage accepte les sacrifices. « Au final, le pays en sortira gagnant, et le futur de nos enfants aussi. Parce que, vraiment, on ne veut pas de cette mine. »

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