Reportage international

Indonésie: les Balinais se battent pour préserver la mangrove

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La mangrove, est un bien précieux à protéger. En 2019, un rapport de l‘IBPES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) dressait un état des lieux alarmant : les forêts de mangroves ont été réduites à moins de 25 % de leur étendue naturelle, et les prairies marines diminuent de plus de 10 % par décennie. L’Indonésie est l’un des pays possédant les plus grandes mangroves du monde. Nous partons à Bali où les locaux se battent pour la préservation de ces dernières, mises en danger par la pollution.

Indonésie: réimplantations de mangroves près du port de Benoa, sur l'île de Bali.
Indonésie: réimplantations de mangroves près du port de Benoa, sur l'île de Bali. © RFI / Juliette Pietraszewski
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De notre correspondante régionale, 

Le panneau peut passer carrément inaperçu si l’on n’y prête pas attention. Près du port de Benoa, dans le sud de l’île indonésienne de Bali, le « Mangrove Arboretum Park » est au centre des préoccupations de plusieurs locaux. Ces derniers le répètent : préserver les mangroves permet de lutter efficacement contre le changement climatique. De manière générale, la Mangrove est en effet l’un des écosystèmes qui stocke le plus de « carbone bleu ». Ce terme précis, est utilisé pour désigner le dioxyde de carbone retiré de l'atmosphère par les écosystèmes océaniques côtiers du monde.

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Alors que la marée monte lentement, Ketut, Balinais, fait l’état des lieux : « On a 19 types de mangroves, toutes différentes… On a 4 hectares au total pour l’instant, d’ici deux ans, on en aura sept environ. »

Chaussures en caoutchouc aux pieds, l’Indonésien regarde de près les petits crabes cachés dans certains trous au sol. Sa crainte : ne pas réussir à protéger la mangrove. « La pollution des eaux et les déchets plastiques sont très problématiques... ça a des conséquences sur l’écosystème » explique-t-il. Depuis l’arrivée du tourisme de masse sur l’île de Bali, devenu sa première économie, Ketut regrette le désintérêt de la population envers la mangrove : « À Tanjung Benoa, ils n’avaient pas de riz avant, donc ils utilisaient la mangrove pour en avoir, avec l’agro-sylviculture (NDLR la riziculture en association avec la plantation de mangrove). À présent, ils ont le tourisme, donc c’est facile pour eux d’acheter du riz maintenant, mais ils ont tout oublié à propos de cela… »

« Les mangroves sont nos poumons »

À ses côtés, une autre habitante du lieu que tout le monde surnomme « Mama Mangrove ». Elle aussi est Balinaise, et se bat pour la réimplantation et la préservation de la mangrove : « Bali, c’est un lieu de tourisme, on est à Denpasar, dans la préfecture de Badung… Ici, on a les mangroves. Ce sont nos poumons, elles évacuent le dioxyde de carbone, raconte-t-elle. Je suis très optimiste pour l’avenir, concernant Bali et les années à venir. Ça fait 5 ans qu’on a commencé maintenant, et on a déjà réussi à réunir toute la communauté pour travailler tous ensemble. » Par « toute la communauté », Mama Mangrove pense notamment aux hôtels du coin. Certains ont décidé de mettre la main à la pâte, via une donation sous la forme de réimplantations de mangroves.

« Un bon air à respirer, sans pollution, c’est aussi bon pour le tourisme… donc c’est aussi montrer que tu prends tes responsabilités, en aidant la mangrove », souligne Ketut. Du côté de Mama Mangrove, si l’optimisme est au rendez-vous, on sait aussi que ce combat pour protéger et réimplanter la mangrove va prendre du temps : « Notre gouvernement soutient à l’heure actuelle l’idée d’un tourisme durable. Mais tout ne va pas changer du jour au lendemain, ça va prendre peut-être dix ans. Et on aura toujours besoin du soutien de toute la communauté pour soutenir le tourisme durable. »

Et parmi ses espoirs : la nouvelle génération. De jeunes Indonésiens sont ainsi les bienvenus dans le parc, à l’occasion d’activités de sensibilisation.

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Le palétuvier, arbre caractéristique de la mangrove, peut pousser dans les milieux salins.
Le palétuvier, arbre caractéristique de la mangrove, peut pousser dans les milieux salins. RFI/Igor Strauss

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