Hospitalisés en Égypte, les bébés prématurés de Gaza face à un avenir incertain
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C’était il y a un mois, le 20 novembre 2023. Vingt-huit bébés nés prématurés à Gaza étaient transférés vers l’Égypte. Depuis, seules quelques mères ont pu traverser la frontière pour retrouver leurs enfants. Des familles, brisées par la guerre, que RFI a pu rencontrer dans l’hôpital de la nouvelle capitale administrative égyptienne.

De notre correspondante au Caire,
Sous le plexiglas d’une couveuse, un petit corps frêle s’agite. Kinda, un mois et demi, est née fin octobre 2023 à Gaza. Sa mère, Shaïma, l’a rencontrée il y a tout juste une semaine : « Je lui ai donné naissance à al-Shifa, ma fille est restée là-bas, ensuite, je ne l’ai plus revue. »
À 23 ans, la jeune mère, forcée de fuir le nord de Gaza, a été séparée de sa fille. Et ne l’a retrouvée qu’ici, en Égypte, 38 jours plus tard : « Quand je suis arrivée, si le nom de ma fille n’avait pas été écrit, je ne l’aurais pas reconnue... Je l’ai vue après 38 jours, je ne l’avais jamais vue une seule fois et je ne l’avais pas touchée, car quand je lui ai donné naissance, ils me l’ont enlevée pour l’envoyer en couveuse. »
Des mères seules et des familles sans nouvelles
Shaïma n’a pu traverser la frontière que début décembre. Et découvrir, en Égypte, son bébé dans un état critique, victime d’une inflammation des intestins... « Je suis heureuse de la voir, mais ma joie est incomplète, précise la jeune maman, car mon mari n’est pas avec moi, ma famille subit la guerre et il n’y a pas de communication et le cas de ma fille est encore compliqué ».
La jeune femme vit ici, dans l’hôpital de la nouvelle capitale administrative égyptienne, au milieu du désert. Cinq autres jeunes mères y sont installées et n’ont pas le droit d’en sortir, faute de visa. L'une d'elles se présente : « Je m’appelle Nour Rayhan, maman d’un des bébés prématurés transférés de Gaza vers l’Égypte ». Nour a été touchée par un bombardement à Gaza au début du conflit, sa blessure a déclenché l’accouchement à huit mois de grossesse : « Des pierres et des éclats d’obus volaient et une grosse pierre est entrée dans mon dos, il n’était pas prévu que j’accouche, mais quand j’ai eu cette pierre dans le dos, j’ai eu des maux de ventre ».
L'avenir indéfini des orphelins
Elle a donné naissance à son fils et, comme Shaïma, a dû fuir, laissant son enfant à l’hôpital. « Ils n’ont pas accepté que je l’emmène parce que son état était mauvais et qu’il avait de très gros problèmes respiratoires ». En contact avec le Croissant-Rouge à Rafah, au sud de Gaza, elle a pu accompagner son fils quand il est entré en Égypte.
D’autres petits sont orphelins, comme ce bébé qui respire difficilement. Un infirmier lui prodigue les soins et se veut rassurant : « Quand il est arrivé, il était sous respirateur, maintenant, il est sous oxygène dans la pièce, comme un bébé normal ».
L’immense majorité des petits soignés ici n’ont plus de parents. Et aucune suite n’est à ce stade envisagée pour eux quand leur état leur permettra de sortir de l’hôpital.
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