Reportage international

Au Kurdistan irakien, le départ éventuel des troupes américaines inquiète la population

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Alors que leurs bases sont quotidiennement prises pour cibles par des milices pro-iraniennes depuis le début de la guerre de Gaza et que le Premier ministre a enjoint publiquement le départ des forces de la coalition internationale, les Américains ont convenu de pourparlers avec les Irakiens pour préparer leur retrait. Mais ce départ éventuel provoque une grande inquiétude chez les Kurdes irakiens.

Cette image tirée d'une vidéo de Rudaw TV montre le site où des missiles ont détruit une zone proche du consulat américain à Erbil, en Irak, le lundi 15 janvier 2024. (Image d'illustration)
Cette image tirée d'une vidéo de Rudaw TV montre le site où des missiles ont détruit une zone proche du consulat américain à Erbil, en Irak, le lundi 15 janvier 2024. (Image d'illustration) © AP
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De notre correspondant à Erbil, 

« Leur départ serait vraiment une mauvaise chose. »  Au bazar, le bruit d’un éventuel départ américain inquiète certains habitants. Comme cette Arabe de Bagdad, habillée à l’occidentale, venue habiter à Erbil. « Nous, les femmes, avons acquis notre liberté individuelle grâce à eux. Notre liberté dans notre manière de nous habiller, de nous comporter… Et puis si les Américains repartent, ce sera le retour de Daech à 100% ! Ou peut-être juste sous un autre nom. »

« Qu’ils se retirent ou non, ils feront absolument ce qu’ils voudront, estime un homme, tandis qu'un hélicoptère américain passe juste au-dessus. Les États-Unis se considèrent comme une grande puissance, comme une grande autorité. Ils resteront quoi que nous leur disions. Jamais ils n’écouteront notre avis ».

Un retrait d'ici deux à cinq ans ?

Comprendre à quel point ce départ éventuel crée du remous dans la société kurde implique de se replonger dans l’histoire. La région autonome kurde irakienne a été inventée avec la bénédiction, la protection des États-Unis. « Au cours de ces 32 dernières années, le Kurdistan a été protégé par le soutien des États-Unis et des autres forces occidentales, rappelle l’analyste Ali Kurdistani. La possibilité de mettre fin à cette défense américaine et occidentale sur le Kurdistan aurait un impact énorme et direct sur la région du Kurdistan et ses habitants. »

Mais malgré les dernières déclarations américaines, un retrait total et imminent des États-Unis du Kurdistan reste improbable, analyse le chercheur en sciences politiques Arthur Quesnay : « On parle d’un calendrier de retrait encore très vague, d’ici deux à cinq ans. Pour l’instant, les négociations sur ce retrait n’ont absolument pas commencé. Ces déclarations sont aussi une manière aussi de chercher la désescalade avec l’Iran. Les États-Unis veulent renvoyer la balle dans le camp iranien en disant qu'ils ne sont pas là pour rester, qu'ils envisagent un retrait potentiel. Et que les frappes contre leurs bases ne sont pas justifiées », précise le chercheur.

Interrogé sur un possible retrait des troupes américaines au Kurdistan, le gouvernement kurde n’a pas souhaité répondre à nos questions.

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