Reportage international

À Anvers, des solutions pour tracer les diamants russes

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C'est une réponse à l'invasion russe de l'Ukraine : viser la Russie au portefeuille. Après le pétrole ou le gaz, depuis le 1er janvier, ce sont les diamants russes qui sont ciblés. Les pierres brutes sont désormais interdites dans l’Union européenne. Mais à Anvers, où transitent plus de 80% des diamants bruts du monde, cela pose problème car c'est toute l’industrie qui doit se réinventer et trouver des solutions pour garantir l'origine des pierres.

La Russie continuera à écouler son diamant en Inde et en Chine également, pendant qu'Anvers perdra près d'un tiers de son activité.
La Russie continuera à écouler son diamant en Inde et en Chine également, pendant qu'Anvers perdra près d'un tiers de son activité. © CC0 Pixabay/Contributeur
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C’est un laboratoire ultra-sécurisé situé quelque part dans les étages d’une tour d’Anvers. El-Ran Diamonds reçoit ici des pierres brutes, d’autres sont déjà taillées. Elles viennent des mines du Canada, du Botswana ou du Lesotho, mais Eyal Atzmon, diamantaire, l'affirme : plus aucune ne lui arrive de Russie : « Après le début de la guerre en Ukraine et Russie, on a commencé à suivre séparément les origines. Parce que nos clients ont refusé d’accepter des diamants russes. C’est des très grandes marques horlogères surtout. Ils ont donné des mines et des origines qu'ils ne voulaient plus ». Pour les aider à connaitre l’origine de la pierre, El-Ran mise sur la solution de la startup belge : iTraceiT.

Dans les mains de Sandiah Kangoutté, responsable des opérations, un lot de diamants. Sur le sachet un code QR qu'elle scanne. Et qui révèle le passeport numérique des pierres. « Un utilisateur, voici les informations qu’il va avoir. Il a la référence des diamants, il a le nombre de carats et un détail précis de l’origine : ici par exemple, Canada, Lesotho et Afrique du Sud », explique-t-elle.

Toutes ces informations sont stockées sur une blockchain et certifiées par un cabinet d’avocats. Ce qui rend impossible en théorie toute modification et leur confère un caractère légal. « Une fois que le code QR est sur la blockchain, impossible de faire des modifications », indique-t-elle.

Le traçage, une plus-value

La solution de la start-up belge est encore loin d’être parfaite : comment en effet garantir qu’un diamant russe n’a pas été poli dans un autre pays avant d’arriver à Anvers ? « Tout est basé sur la confiance, le traçage ne fonctionne que si les informations entrées à la base sont correctes » estime un spécialiste de l’industrie. Mais c’est un début, répond le co-fondateur de la start-up Guy De Smet. « Celui qui aujourd'hui est tracé et peut démontrer qu'il est tracé, gagne plus d'argent qu'un autre, parce que les marques en font un fer de lance. C’est devenu vraiment un critère important. Donc évidemment que montrer de la transparence, c'est une bonne chose. Alors ceux qui ne le font pas, on pourrait se poser des questions sur eux, mais ils devront trouver une solution ».

Trouver une solution, alors que les sanctions vont aller crescendo. À partir du 1er mars, elles seront étendues aux diamants russes transformés à l'étranger. Et en septembre, un système de certification pour garantir l'origine des pierres doit entrer en vigueur. « Par rapport au secteur diamantaire, il n’y a que quatre ou cinq solutions existantes. Les marques vont devoir faire leur choix » ajoute-t-il.

Dans cette course aux solutions, la startup belge compte s’inscrire comme une référence. Et permettre à Anvers à conserver son rôle de place forte du négoce de diamant.

► À lire aussi : Diamant russe: l'Europe peut-elle s'en passer ?

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