Reportage international

Liban: les dangers des obus que la guerre laisse derrière elle

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Au Liban, les affrontements entre le Hezbollah, le puissant parti chiite libanais, et Israël ont fait près de 90 000 déplacés. Leur retour dans les villages frontaliers est suspendu à l’arrêt des hostilités, mais aussi à la décontamination de la région : environ 10% des obus de missiles qui atterrissent côté Libanais n’explosent pas. Les autorités s’inquiètent de voir de nouvelles victimes. Une vaste campagne de sensibilisation auprès des déplacés a été lancée.

Séance de sensibilisation aux risques des engins explosifs pour les habitants qui ont fui les villages frontaliers.
Séance de sensibilisation aux risques des engins explosifs pour les habitants qui ont fui les villages frontaliers. © Sophie Guignon/RFI
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De notre correspondante de retour de Marwanieh,

Sur l’autoroute qui mène au sud du Liban, de nouvelles affiches ont vu le jour avec des photos d’obus et un numéro d’urgence. Les autorités s’inquiètent du retour des déplacés chez eux. Dans le village de Marwanieh, entre Sidon et Nabatiyeh, plus de 200 déplacés sont accueillis dans un hôtel hors service, un refuge précaire. Des frappes israéliennes ont eu lieu à seulement quelques kilomètres.

Ce jour-là, Ali Shuaib, de l’ONG Mine Advisory group organise une session de sensibilisation aux risques des engins explosifs pour les habitants qui ont fui les villages frontaliers : « Ce n’est pas de la décoration, c’est fait pour tuer. Ça vous savez ce que c’est ? C’est un missile non explosé. Il faut y faire attention, c’est très dangereux », explique le responsable des relations avec les communautés, Mine Advisory group.

Jihad Baz, déplacé du village de Bint Jbeil : « J’en ai touché un, mais il n’a pas explosé ». « Comment ça ? » demande Ali Shuaib. « C’était un engin comme ça. », répond Jihad Baz.

« Quand la guerre va s’arrêter et que vous allez rentrer chez vous, il faudra considérer tous les objets comme suspects, même si c’est un bout de métal, un bout de plastique, un morceau de bois », prévient Ali Shuaib de l’ONG Mine Advisory group.

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Un danger pour les enfants 

Dans l’assistance, Jihad Baz, 15 ans, le visage poupin, a fui la ville de Bint Jbeil à deux kilomètres de la frontière avec sa famille : « Aujourd’hui, j’ai appris que si je vois une mine, il faut appeler la gendarmerie, l’armée. Et de ne surtout pas toucher des objets qui peuvent exploser. » Venue du village de Aadaysit collé à la frontière, Mirvat Reslan, mère de quatre enfants s’inquiète de rentrer chez elle : « J’appréhende de l’état dans lequel je vais retrouver ma maison. J’ai peur d’y trouver des obus ou autre. Ça me fait vraiment très peur. »

Sylvain Lefort dirige l’ONG Mine advisory group au Liban. Pour lui, ces formations permettront d’éviter de nouvelles victimes une fois le conflit terminé : « On estime qu’environ 10% des engins explosifs utilisés dans le conflit ne détonnent pas à l’impact et donc ça représente un risque supplémentaire pour les populations affectées. Les enfants sont très exposés à ce genre de risque. Si un adulte est capable de repérer un engin explosif non explosé, pour un enfant, ça peut être un jouet, quelque chose d’amusant à toucher. »

Avant le 7 octobre 2023, le lieutenant-colonel Elias Chamata dirigeait le déminage du sud Liban, contaminé par les nombreux conflits qu’a connus le pays. Il ne restait que 15% du territoire à déminer. Il sait qu’il faudra tout recommencer : « La plupart des terres ont été polluées à cause des bombardements, des obus et surtout des bombes au phosphore dernièrement. C’est pour cela qu’on se concentre sur la prévention. Notre plus grand défi, c'est de sécuriser le retour des déplacés chez eux. »

Un retour suspendu aux négociations en cours sur la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas à Gaza.

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