«Notre vision change»: En Irak, des citoyens bénévoles nettoient les rues de Bagdad
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En Irak, pour combattre la pollution au plastique des rues et des fleuves, des initiatives voient le jour ces dernières années. Mais elles font face à un manque d’intérêt d’une partie de la population et l’absence de mesures gouvernementales. Pourtant, le recyclage du plastique, qui reste une pratique isolée, n’est pas une idée nouvelle dans le pays.

Avec notre correspondante à Bagdad,
Sous nos pieds, une couche de 20 cm de détritus : les berges du tigre ont disparu sous les déchets jetés par les passants. Une centaine de bénévoles de tous les âges s'active pour nettoyer cent mètres de berges en plein cœur de Bagdad. Parmi eux, Qabas et Adnan. « Je vois les gens jeter des bouteilles de soda, d'eau et toutes sortes de déchets. Je m'interroge, comment peuvent-ils faire ça dans leur propre pays ? Ils devraient en prendre soin », estime la première. « C'est un problème de sensibilisation du public, là est tout le problème. Quand tu finis ta boisson, tu devrais la mettre dans un sac ou une poubelle petit à petit. Si Dieu le veut, on l'espère, la société s’améliorera », rétorque le second.
C'est la ligne directrice du mouvement Clean Iraq. Il ne s'agit pas juste d'assainir l'environnement, mais de changer les mentalités. Murtadha el-Tameemi, jeune Irako-Canadien à l'origine de l'initiative : « Le gouvernement et les citoyens ont leurs propres responsabilités. La majorité des déchets que l'on collecte est en plastique ou en aluminium. Il pourrait être recyclé. Mais en Irak, nous n'avons pas de poubelles pour le plastique. Donc même si on essaie d'implanter une culture et des comportements dans leur tête, les gens ne pourront pas les appliquer. »
« C'est notre gagne-pain »
Pour l'heure, les déchets collectés terminent à la décharge municipale. Ici débute un cycle de recyclage, mais il est informel et dangereux. Des enfants et adolescents récupèrent ce qu'ils peuvent en escaladant les monticules déversés par les camions comme Kadhem Khalil. « On peut en tirer l'équivalent de 4 à 6 euros (10 000 ou 7000 IQD) par jour. Je trie et je vends les morceaux pour acheter du lait et des couches. C'est notre gagne-pain », raconte-t-il.
Ces acheteurs les revendent ensuite auprès de petites usines de recyclage. Il y en aurait une centaine à Bagdad. Beaucoup sont nées d'une nécessité économique il y a plus de 30 ans, c'est le cas de celle de Hadi Mahmoud. « En 1985, la situation économique était difficile à la fin de la guerre contre l'Iran, je cherchais un moyen pour nourrir ma famille. Dans un petit garage, je collectais quelques déchets », dit-il.
Aujourd'hui, ses fils reprennent le flambeau des trois usines familiales avec une nouvelle philosophie. « Notre vision change, on voit une façon d'améliorer la qualité de l'environnement, réduire la taille des décharges, particulièrement maintenant que les températures montent fortement, jusqu'à 50° dans Bagdad », témoigne Hussein Hadi. Ces dernières années, de plus grandes usines de recyclage ont ouvert leurs portes à travers le pays, mais restent encore trop anecdotiques pour créer un réel changement dans la société irakienne.
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