Reportage international

Liban: à Ghazieh, cible d'une frappe israélienne en profondeur, la crainte d'une extension du conflit

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Les combats, depuis octobre 2023, à la frontière libano-israélienne, entre le Hezbollah et l’armée israélienne, peuvent-ils dégénérer en guerre totale ? Depuis janvier, l’État hébreu a étendu ses frappes sur le Liban, au-delà de la zone frontalière. Comme à Ghazieh, dans le sud, mais à plus de 50 kilomètres de la frontière : deux bombardements simultanés ont visé la zone industrielle en février. L’armée israélienne avait affirmé avoir pris pour cible des entrepôts d’armes du Hezbollah, ce que les autorités locales et entrepreneurs démentent. Depuis ces frappes, l’inquiétude s’est installée dans cette petite ville.

Des débats provoqués par un bombardement israélien dans le village d'Hebbariye, dans le sud du Liban, le 27 mars 2024. (illustration)
Des débats provoqués par un bombardement israélien dans le village d'Hebbariye, dans le sud du Liban, le 27 mars 2024. (illustration) © Mohammad Zaatari / AP
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De notre correspondante à Beyrouth,

À Ghazieh, dans le sud du Liban, il ne reste rien, dans la zone industrielle, de l’usine de maintenance et d’assemblage de générateurs visée par une frappe israélienne en février. Cinq cratères sont toujours visibles, creusés par les missiles. Ahmad (un pseudonyme) est un parent du propriétaire :

« Toute l’usine a été détruite ! Les Israéliens disent qu’il y avait des armes ? Alors, qu’ils nous les montrent ! Place-t-on des employés dans un dépôt d’armes ? Je ne puis un spécialiste militaire, mais je pense qu’ils ont bombardé Ghazieh car c’est la porte du sud. »

Une présence régulière remarquée par les habitants

Depuis, la petite ville est sur le qui-vive. L’activité a ralenti, les commerçants font peu de stocks pour limiter les pertes en cas d’une extension du conflit. Hassan Ghaddar, président de la municipalité de Ghazieh, explique :

« La guerre est toujours là. Les avions, ils sont toujours là, ce qui fait peur aux gens toute la journée, surtout quand il y a le mur du son qui est très fréquent. Les avions, surtout les avions qui enregistrent, ça n'arrête jamais. Et parfois, tu peux remarquer par le son qu'il n’y a pas un drone : il y a deux, trois, quatre, cinq drones. Il paraît que dans toutes les régions, il y a les drones. Ils sont en train d'enregistrer 24 heures sur 24. ».

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Pas de son de drones israéliens lors de notre visite, mais tous les habitants mentionnent leur présence régulière. Autre raison d’inquiétude : le voisinage du camp palestinien d’Ain El-Heloué, considéré par la presse comme une possible cible en cas d’extension du conflit.

« L’autre jour, ils ont tué à Ghazieh parce qu’il y avait beaucoup de drones ce jour-ci. Tout le monde disait que ''ce soir, ils vont bombarder le camp palestinien”, donc tout le temps, c'était le camp palestinien qui était bombardé. Ils ont bombardé Ghazieh. Alors, bombarder Ghazieh, ça veut dire que c'est tout le sud qui est en danger maintenant », craint Hassan Ghaddar.

« J'ai très peur pour mes enfants »

Ce sentiment de danger permanent est partagé par Yara, le pseudonyme d’une habitante que nous rencontrons au dispensaire de Ghazieh. Elle a vécu la guerre de 2006, où s’étaient affrontés le Hezbollah et l’armée israélienne, et durant laquelle la petite ville avait été bombardée :

« J’ai très peur pour mes enfants. Quand le son des drones est très fort, pour les tranquilliser et qu’ils dorment, je mets le ventilateur pour qu’il y ait son bruit. Moi, je ne dors pas. J’ai peur que les Israéliens bombardent. Nous vivons en guerre, dans le danger : nous ne savions pas qu’ils allaient bombarder ici une première fois, nous ne savons pas s’il y aura une autre frappe. »

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Les appels des Nations unies, depuis des mois, à un retour au calme à la frontière restent sans effet. Le bombardement, attribué à Israël, du consulat iranien à Damas, lundi 1er avril, fait davantage peser la menace d’une escalade.

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