Reportage international

En Inde, la capitale New Delhi étouffe sous la pollution atmosphérique

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Les niveaux de pollution de l'air en Inde sont parmi les plus élevés au monde, ce qui constitue une grave menace pour la santé et l'économie du pays. L'agriculture, l'industrie, les centrales électriques, les ménages et les transports y contribuent tous de manière significative. Les enfants sont plus vulnérables à la pollution atmosphérique, car leur cerveau et leurs poumons, entre autres organes vitaux, ne sont pas pleinement développés. 

Des policiers montent la garde devant le monument de la Porte de l'Inde, noyé dans un nuage de pollution, à New Delhi, en Inde.
Des policiers montent la garde devant le monument de la Porte de l'Inde, noyé dans un nuage de pollution, à New Delhi, en Inde. © Getty Images/Bloomberg Creative Photo
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De notre envoyée spéciale à New Delhi,

Les triporteurs fourmillent dans les rues de New Delhi, la capitale indienne. Nous avons rendez-vous avec Bhavreen Kandhari, fondatrice de Mamans guerrières (« Mother, my right to breathe », en anglais), une ONG qui sensibilise à la pollution de l'air et au changement climatique. « Ce n'est pas évident de savoir que son enfant est en train de respirer du poison chaque seconde de sa vie, explique-t-elle. Tous les enfants ont des inhalateurs, les docteurs les prescrivent tout le temps. »

À l'hôpital Indraprastha Apollo, le docteur Nikhil Modi, spécialiste en médecine respiratoire, voit tous les jours des enfants exposés à des niveaux élevés de particules fines PM2,5, le polluant le plus nocif que l'on trouve dans l'air. « L'augmentation constante de la population et du nombre de voitures ne cesse d'accroître ce niveau de pollution, alerte-t-il. Les problèmes respiratoires, que l'on voyait avant chez un enfant sur cinq ou sept, sont passés à un enfant sur trois ces dix dernières années. La qualité de vie se dégrade de jours en jours. Il est donc temps d'agir maintenant s'il n'est pas trop tard. »

Les niveaux de pollution de l'air en Inde sont parmi les plus élevés au monde et le docteur Nikhil Modi ne cache pas son inquiétude. « Nous voyons des choses que nous pensions inimaginables pour des jeunes patients, concède-t-il, pessimiste. Des cancers des poumons que l'on ne voyait que chez des fumeurs, davantage de cas d'asthmes, de pneumonies récurrentes... C'est devenu très courant chez les enfants. »

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Écoles fermées en hiver pendant de longues périodes à cause de la pollution, augmentation des maladies respiratoires, selon le politologue Ajoy Bose, les responsables politiques n'ont pas encore pris le problème à bras-le-corps. « L'Inde est l'un des pays qui consacre le moins d'argent à la santé publique, explique-t-il. Le budget est beaucoup trop bas et je pense qu'il s'agit là d'un énorme problème. C'est en partie dû au fait que les gens n'en ont pas fait une question politique. »

Ce qui rejoint les propos de Bhavreen Kandhari. Selon elle, le gouvernement ne traite pas le problème pour ce qu'il est, une crise sanitaire. « Il s'agit d'une urgence de santé publique et elle doit être traitée comme telle ! s'exclame-t-elle, indignée. C'est ainsi que nous avons agi avec le Covid. Mais nous ne traitons pas la pollution de l'air de la même manière, alors qu'elle est bien pire que le Covid ! Dès que les émissions sont contrôlées, tout s'arrange. Et si vous n'exigez pas, vous n'aurez rien ! Ce ne sera jamais un enjeu électoral si vous ne le demandez pas. »

Les élections sont en cours en Inde, mais, pourtant, ni cette pollution ni le changement climatique ne font pas partie des priorités des candidats.

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