Pays-Bas: la mairie d'Amsterdam cherche à contrôler le surtourisme
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Amsterdam, une ville toujours synonyme de fêtes et de drogue, et qui aimerait que cela change. Face aux plus de 20 millions de touristes accueillis chaque année, la mairie - soutenue par une partie des habitants - a pris plusieurs mesures pour lutter contre les excès du tourisme de masse : interdiction de fumer du cannabis dans la rue, plus de bateaux de croisières et augmentation de la taxe de séjour. Dernière disposition en date : interdire la construction de nouveaux hôtels dans la ville. Mais pour les acteurs du tourisme, cette offensive de la municipalité est un danger.

De notre envoyé spécial à Amsterdam,
Le Shipdock, une péniche d’une dizaine de mètres, propose des balades d'une heure sur les canaux bondés d’Amsterdam, et pour Guido, son capitaine, c’est peu dire qu’il voit d’un mauvais œil les tentatives de la mairie pour réguler le tourisme. « Vous ne pourrez pas empêcher les gens de venir ici, c’est impossible ! On a essayé avec l’Angleterre, et ça a été contre-productif. On a eu encore plus de monde d’Angleterre en leur disant de ne pas venir… »
Pour ce professionnel du tourisme, il n'y a pas besoin de solution : « Je vis ici depuis 60 ans, j’ai 60 ans et ça a toujours été comme ça ! À mes yeux, madame Halsema, notre maire, est une idiote ! Et la meilleure chose qui puisse lui arriver, c’est qu’elle parte ! »
Guido navigue pour Bulldog, à l’origine un coffee shop fondé il y a une quarantaine d'années et qui au fil du temps est devenu un poids lourd du tourisme à Amsterdam : bars, hôtel et briquets souvenirs. Tout pour faire la fête, ce que justement la mairie ne veut plus voir.
Des mesures pour lutter contre le surtourisme controversées
Remco Groenhuijzen, manager de l’hôtel Mövenpick à Amsterdam, porte un costume cravate impeccable. Son hôtel est l’un des plus grands de la ville. Selon lui, la mairie se trompe de cible : « 55% des gens qui visitent Amsterdam le font dans la journée. Ils ne sont donc pas concernés par cette mesure. On a l’impression que les mesures qui sont prises pénalisent les touristes qui ne posent pas de problème dans la ville ». Pour Remco, la mairie mélangerait les bons touristes, plus âgés et au portefeuille fourni, avec les mauvais touristes, les jeunes venus uniquement pour faire la fête.
Morgan et Alexandra, un couple d’Américains venus de Miami, profitent de la visite sur le bateau Shipdock, canette de bière à la main. C'est la deuxième fois que Morgan vient dans la ville et la première pour Alexandra, et pour eux, pas besoin d’en faire plus pour réguler l’afflux de touristes. Ils expliquent : « Il y a déjà des restrictions. Dans certaines rues, vous pouvez faire la fête et boire, dans d’autres non, et je pense que c'est suffisant. Je ne vois pas en quoi cela peut gêner les habitants. Tout me paraît très bien comme c’est maintenant. »
Un avis qui n'est pas partagé par les 30 000 habitants d’Amsterdam qui ont voté pour plus de restrictions en avril dernier. Amsterdam, ville à la fois gâtée et maudite par la manne touristique, n’a pas encore trouvé la bonne formule.
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