Royaume-Uni: la santé, une préoccupation majeure pour les électeurs
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Le 4 juillet, les Britanniques connaîtront le nom de leur nouveau Premier ministre. Sauf énorme surprise, les conservateurs devraient être défaits après 14 ans au pouvoir, 14 ans pendant lesquels ils ont présidé à une cure d’austérité. Les services publics manquent aujourd’hui de moyens et de vocations. Leur avenir est l’un des grands enjeux de cette campagne. À l’hôpital public, certains médecins font grève actuellement.

De notre correspondante à Londres,
Gay Lee a fait carrière comme infirmière dans un hôpital londonien. Aujourd’hui retraitée, elle manifeste à chaque fois aux côtés des soignants grévistes qui réclament de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail :« Nous avons toujours été débordés, mais il y a de moins en moins de soignants… Je suis partie il y a cinq ans, mais je crois que je n’aurais pas tenu plus longtemps. » Elle regrette : « Les infirmières doivent faire des heures supplémentaires alors qu’elles sont déjà épuisées… Elles n’en peuvent plus. Ça empire. »
À l’hôpital, mais aussi dans les écoles ou les tribunaux, les salaires n’ont pas augmenté au même rythme que l’inflation depuis des années. Dans le système de santé, plus de 100 000 postes ne sont pas pourvus. Hope Worsdale représente l’association de patients Just Treatment : « La dernière fois que je suis allée aux urgences, j’ai dû attendre 8 heures avant d’avoir un lit. Et je me suis dit : "Oh, ce n’est pas trop mal". C’est dire ! » Elle s'insurge : « Il y a des patients qui meurent en attendant aux urgences. D’autres sont sur liste d’attente depuis une éternité, mais vivent avec une telle douleur qu’ils se ruinent pour aller dans le privé, alors qu’ils ne devraient pas avoir à en arriver là. Ce n’est plus une question politique : des vies sont en jeu ! »
Des salaires dans la santé minés par des années d'austérité
Les syndicats réclament une hausse de salaire de 35% pour compenser les années d’austérité. Impossible, répondent les candidats aux législatives. Interne en psychiatrie, cette jeune médecin n’a pas beaucoup d’espoir pour ces élections, qui devraient marquer le retour des travaillistes au pouvoir :« Ils disent qu’ils mettront plus d’argent, mais de ce que je comprends, ça ne suffira pas. Il faut une refonte générale : la crise du logement, l’aide à domicile… Ça dépasse l’hôpital public. »
Pour un tiers des Britanniques, la santé est l’un des enjeux majeurs de ce scrutin, mais selon Justin Fisher, professeur en sciences politiques à l’université de Brunel, le futur exécutif a beau promettre de réduire les listes d’attente et d’augmenter les budgets, il aura une faible marge de manœuvre : « Il n’y aura pas d’amélioration pendant les trois premières années, je pense. Keir Starmer et le Parti travailliste actuel, comme à l’époque de Tony Blair [en 1997], vise la stabilité économique et la croissance avant d’augmenter les dépenses. Seulement, Blair a bénéficié d’une croissance soutenue et a pu dépenser plus d’argent public… Keir Starmer n’aura pas ce luxe. »
Pour le politologue, réparer les services publics passera par des hausses d’impôts, forcément impopulaires et donc absentes des programmes.
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