Reportage international

Au Venezuela, les électeurs doivent «apprendre» à voter à la veille de l'élection présidentielle

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Le 28 juillet, ce sera jour de vote au Venezuela. Dans le pays, qui utilise le vote électronique depuis 2004, voter n'est pas chose aisée : pour les électeurs, lire clairement l’écran divisé en 38 vignettes cette année, avec les portraits des différents candidats à l'élection présidentielle, est compliqué. Alors du côté de l’opposition, on organise des activités « apprendre à voter pour Edmundo » — Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition majoritaire, principal rival de Nicolas Maduro. Le 30 juin dernier, une grande répétition du vote a aussi été organisée.

Au Venezuela, des partisans du candidat à l'élection présidentielle Edmundo Gonzalez assistent à un exercice de simulation pour apprendre à voter à Valence, dans l'État de Carabobo, au Venezuela, le 10 juillet 2024.
Au Venezuela, des partisans du candidat à l'élection présidentielle Edmundo Gonzalez assistent à un exercice de simulation pour apprendre à voter à Valence, dans l'État de Carabobo, au Venezuela, le 10 juillet 2024. © Juan Carlos Hernandez / AFP
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De notre correspondante à Caracas,

Dans un quartier populaire de Caracas, une vingtaine de militants du parti Primero justicia, de la plate-forme d’opposition, s’est réunie pour une activité « apprendre à voter pour Edmundo ». Avec en main une reproduction de l’écran qui se présentera aux électeurs le 28 juillet, les supporters d’Edmundo Gonzalez indiquent aux passants où se trouvent les cases de leur candidat. Trois cases en tout, pour deux partis et la plate-forme de partis qui soutiennent sa candidature. Nicolas Maduro, lui, a 18 cases en tout.

Mirlenis est l’une des militantes présentes : « Ici, au Venezuela, nous avons peu accès aux médias. Il n’y a pas non plus d’émissions qui t’invitent à voter et te montrent comment est le bulletin. Donc, on s’est donné la mission de descendre dans la rue pour parler de ce qu’il faut faire le jour du vote pour ne pas se tromper. » La militante montre le bulletin : « Si tu regardes bien ce bulletin, le gouvernement a fait en sorte de mettre notre vignette autour d’autres qui ont des couleurs et des noms qui se ressemblent. Donc, si on n’explique pas, les gens peuvent se tromper facilement. Regarde, unité ici, et unité là. Et ça, c'est fait exprès pour que les gens s’embrouillent », regrette Mirlenis.

Et comble de la difficulté, ils appellent à voter pour un autre parti que le leur : « Plusieurs directions de partis ont été destituées par les autorités. Le parti Action démocratique, notre parti aussi, ils ont leur vignette et ils ont choisi de nouveaux candidats, on les appelle les "scorpions", parce que ce sont des traîtres », poursuit Mirlenis. « En réalité, cette plate-forme unitaire est composée de partis qui n’ont pas pu soutenir leur candidat. »

Le 30 juin, une répétition générale du vote à l'élection présidentielle

Pour s’assurer que chacun puisse exprimer ses opinions, une répétition de l’élection s'est tenue le 30 juin. Quelques bureaux de vote ont donc accueilli les électeurs qui voulaient s’entraîner au vote, comme Minerva : « Donc, ce que tu vois, c’est un écran tactile avec les images des partis et les portraits des candidats qu’ils soutiennent. Et les gens ont juste à appuyer sur l’image du parti pour lequel ils veulent voter. » L'électrice continue sa description : « Et ensuite, on appuie sur voter. Et c’est fait. Un petit papier s’imprime et tu le mets dans une urne. Cette répétition, c'est important, car il y a des jeunes qui votent pour la première fois et c’est une bonne chose qu’ils se familiarisent avec ce système. »

Mais cette électrice vote pour Nicolas Maduro, qui n’est pas difficile à trouver avec ses 18 vignettes ; on ne peut pas en dire autant pour le candidat de l’opposition majoritaire.

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