Reportage international

Comment le Pérou est devenu le premier pays au monde à adopter une loi pour protéger ses vagues

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Aux Jeux olympiques, la compétition de Surf a débuté ce samedi à Tahiti. Qui dit surf, dit vagues. Il y a dix ans, le Pérou a adopté une loi unique au monde, la loi des brises-lames. Le but était de protéger les vagues péruviennes, afin de préserver la pratique sportive et touristique du surf, mais aussi tout l'écosystème maritime qui a besoin de l'oxygénation créée par les vagues. Depuis, 43 vagues péruviennes ont été protégées.

La Brésilienne Nicole Pacelli concourt lors des Jeux panaméricains sur la plage de Punta Rocas à Lima, au Pérou, le dimanche 4 août 2019 qui ont permis l'adoption de la loi pour protéger les vagues du Chili.
La Brésilienne Nicole Pacelli concourt lors des Jeux panaméricains sur la plage de Punta Rocas à Lima, au Pérou, le dimanche 4 août 2019 qui ont permis l'adoption de la loi pour protéger les vagues du Chili. AP - Martin Mejia
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De notre correspondante à Lima,

Lima n'est pas reconnue pour sa beauté, sauf quand on atteint sa vue sur l'océan, ponctué de nombreux surfeurs. Pourtant, ce paysage iconique de la capitale aurait bien pu disparaître en 2016, si les vagues de quatre de ses plages n'avaient pas été protégées par la loi des brise-lames. Javier Amaya, responsable d'une école de surf à Lima, se dit soulagé de cette mesure. « C'est très important pour nous parce que nous avons pu constater qu'après la réalisation de projets de brise-lames, la géographie des plages a pu changer et la forme des vagues aussi. »

« Il faut absolument que nos vagues soient protégées »

Le professeur constate également que la biodiversité avait alors été affectée, dont la présence de cochayuyo, une algue utilisée dans la recette du ceviche. Mais pour pouvoir protéger une vague avec cette loi, il faut prouver son intérêt via un contrôle technique assuré par un océanographe indépendant. C'est la campagne Hazla Por tu Ola (« Faites-le pour votre vague ») qui s'emploie à rassembler les fonds pour financer ce processus.

Carolina Butrich, coordinatrice de la campagne, revient sur les conditions qui ont permis au Pérou d'être le premier pays au monde à protéger ses vagues : « Cela faisait 13 ans qu'on négociait sur les modalités d'application de la loi quand le Pérou a gagné les Jeux Panaméricains sur la plage de Punta Rocas. Or, à ce moment-là, cette plage était menacée par la construction d'une jetée. L'équipe péruvienne de surf, les sportifs et quelques personnes de la direction de la fédération, a alors profité d'être conviée au Congrès pour dire "Merci beaucoup pour cette invitation honorable, mais il faut absolument que nos vagues soient protégées" ».

Le Pérou fait effectivement partie des pays les plus réputés pour la pratique du surf, notamment grâce à une plage du nord du pays, dans le village de Malabrigo, qui abrite Chicama, la plus longue vague gauche au monde. Victor Vecino, surfeur depuis 20 ans, assure que les vagues péruviennes ont quelque chose d'exceptionnel dans leur constance. « Toute l'année, nous avons des vagues de bonne forme, de bonne taille, avec beaucoup de force, donc elles sont parfaites pour apprendre à surfer. Il faut les protéger et éviter que des projets d'entreprises privées ne détruisent les sites sur lesquels on peut pratiquer. »

Le système de protection des vagues au Pérou semble porter ses fruits puisque d'autres pays de la région ont suivi son exemple, dont le Chili, le Panama, l'Uruguay et, depuis avril 2024, l'Équateur.

 

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