Reportage international

Ukraine: les enfants de Pokrovsk à quelques kilomètres de la ligne de front

Publié le :

Dans l’est de l’Ukraine, la ville de Pokrovsk, qui comptait 86 000 habitants avant l’invasion à grande échelle du pays par la Russie, est l’un des objectifs majeurs des troupes de Moscou. Chaque jour, les troupes russes continuent de rogner des territoires qui ne sont plus qu’à une quinzaine de kilomètres de la ville. Pourtant, près de la moitié des habitants de Pokrovsk sont toujours sur place, auxquels s’ajoutent plus de 10 000 personnes déplacées. Parmi ces quelque 60 000 personnes, de nombreuses familles n’ont pas pu, ou pas voulu, quitter les lieux, malgré les avancées russes. Pour les enfants de la ville, le futur est peut-être ailleurs. 

Dans une classe, à Pokrovsk, les enfants apprennent l'anglais car leur futur se trouvera peut-être en dehors de l'Ukraine, ou en tout cas, loin de la ligne de front.
Dans une classe, à Pokrovsk, les enfants apprennent l'anglais car leur futur se trouvera peut-être en dehors de l'Ukraine, ou en tout cas, loin de la ligne de front. © Emmanuelle Chaze / RFI
Publicité

De notre envoyée spéciale à Pokrovskà l'Est de l'Ukraine,

Au centre-ville de Pokrovsk, loin des générateurs qui assourdissent les passants, quelques personnes profitent du soleil dans un parc. Parmi elles, Lesya manœuvre une poussette tout en surveillant sa fille, Kyra, 3 ans, qui court autour d’elle. Cette jeune maman élève seule sa fille, dans des conditions précaires. « Je ne peux pas recevoir d'aide humanitaire, car je ne suis pas une personne déplacée, je vis ici, témoigne Lesya, j'ai un enfant depuis plus de trois ans. Ce qui est une bonne chose ici, c'est que nous avons des voisins, qui habitent à proximité, qui nous aident, et je la confie aussi à ma grand-mère, que j’aide en retour. C'est ainsi que nous survivons, parce que nous ne pouvons pas survivre seuls. »

Comme beaucoup de civils à Pokrovsk, Lesya constate avec inquiétude que les troupes russes se rapprochent, mais elle n’a nulle part d’autre où aller : « C'est dur, c'est effrayant de voir comment ça va empirer : comment allons-nous continuer à vivre ? Où aller ? Que faire ? Nous avons fait nos valises, qui sait ce qui va se passer. Mais en allant ailleurs, comment allons-nous procéder ? »

À lire aussiUkraine: à Pokrovsk, les bombardements font partie du quotidien des habitants

« Nous préparons ces enfants pour la vie future… et pour une vie meilleure en Europe ou aux États-Unis. »

Près d’elle, Olena est assise sur un banc. Elle attend sa petite-fille, Marianna, qui est en classe d’été juste à côté. « Dans les mois à venir, je souhaite vraiment que tout aille mieux, que la ville revienne à la vie. Honnêtement, je ne veux pas partir, je suis née ici, j’ai grandi et étudié ici… Mais j’ai un petit-fils, tout petit, il a deux mois seulement, et une petite-fille de huit ans, c’est très effrayant pour eux », se désole-t-elle.

Dans sa classe, la petite-fille d’Olena, Marianna, chante en ukrainien. Mais avec quelques camarades, c’est l’anglais qu’elle est venue apprendre ici, en classe d’été, le seul moyen pour ces enfants de se socialiser puisqu’il n’y a plus d’école en présentiel dans les régions de la ligne de front. Leur enseignante, Anastasia, explique : « Nous préparons ces enfants pour la vie future, pour leurs études… et pour une vie meilleure en Europe ou aux États-Unis. » Ces quelques mots résument une triste réalité pour des milliers de familles de Pokrovsk : une vie meilleure ne semble être envisageable que loin de la ligne de front.

À lire aussiUkraine: le lent grignotage russe se poursuit avec la prise de deux nouveaux villages

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes