Reportage international

Pérou: Radio Ucamara, la voix des populations autochtones pour «protéger leur territoire»

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Le 9 août, Journée internationale des peuples autochtones. Ces populations sont parmi les plus vulnérables dans le monde. À Nauta, au nord de l’Amazonie péruvienne, une radio communautaire tente de faire entendre la voix du peuple kukama. Créée il y a 32 ans, la station a été relancée en 2006, pour tenter de resserrer les liens entre habitants et conserver leur langue autochtone, menacée de disparition.

Des enfants vont à l'école en canoë sur le fleuve Maranon, principal affluent du fleuve Amazone, dans la réserve nationale Pacaya Samiria, au Pérou. (Image d'illustration 2019)
Des enfants vont à l'école en canoë sur le fleuve Maranon, principal affluent du fleuve Amazone, dans la réserve nationale Pacaya Samiria, au Pérou. (Image d'illustration 2019) AFP - CRIS BOURONCLE
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De notre correspondante à Nauta,

« 98,3 ! vous écoutez Radio Ucamara ! » Une table en bois, trois micros et des murs isolés de mousse, Radio Ucamara émet depuis ses studios de Nauta, ville de 30 000 habitants, à deux pas des rives du Marañon, fleuve amazonien connu pour ses dauphins roses au nord du Pérou. Gabriela Sangama a grandi avec la radio et y est devenue journaliste : « Nous plaçons les communautés au centre de notre travail, explique-t-elle. Notre porte est toujours ouverte aux peuples autochtones qui souvent ne sont pas écoutés ou n’ont pas l’opportunité de parler de leurs problèmes quotidiens. »

Un projet social et politique visant les 40 000 habitants kukama des environs. Dans les communautés reculées, c’est la radio qui vient aux habitants. Le directeur, Leonardo Tello, et ses collègues, font régulièrement plusieurs jours de barque pour s’y rendre. « C’est très, très loin, on va là-bas pour aider les communautés à protéger leur territoire. Je crois que la communication peut apporter beaucoup et on essaie de le faire de la meilleure manière qui soit. » 

Aux sujets habituels – la déforestation, le trafic de bois, de drogue, l’extraction minière – s’ajoutent désormais ceux du changement climatique et de la biodiversité. « On ne parle pas assez de l’importance des autres êtres vivants que les humains pour préserver l’équilibre de la nature. C’est la clé pour changer nos comportements », ajoute le directeur de Radio Ucamara.

Perpétuer la langue kukama

« Bon, quel groupe est prêt à enregistrer ? » Ce jour-là, une quinzaine des journalistes de la radio, employés comme bénévoles, sont en formation comme Valery, 16 ans, qui déroule son papier : « L’Amazonie est aujourd’hui gravement affectée par le changement climatique. » Elle anime une fois par semaine une émission destinée aux adolescentes et apprend les bases du journalisme.

Grâce à la radio, Valery a rencontré Xuley, 72 ans, elle aussi est animatrice d’un programme en langue autochtone kukama. « Pendant l’émission, je laisse de côté l’espagnol et après, je ne veux parler plus que kukama. Désormais, on l’enseigne aux enfants pour qu’ils sachent parler comme nous, parce que cette langue est en train de disparaître. » Avec Xuley, Valery après les rudiments de la langue.

Financée par des fondations et la coopération internationale, la radio joue sa survie chaque année. Mais a réussi, depuis sa création, à toucher aussi les populations urarinas et kichwas, qui connaissent les mêmes problématiques que les Kukamas.

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