Reportage international

Israël toujours dans l’attente d’une offensive d’envergure de l’Iran ou du Hezbollah libanais

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À la frontière nord, la ville de Kiryat Shmona a été évacuée à 90 % depuis le 7 octobre. Les habitants qui restent se préparent. Ils subissent déjà plusieurs alertes aux roquettes par jour.

Le soleil se couche derrière les montagnes près des villes de Kiryat Shmona et Metula, situées près de la frontière avec le Liban, vu de Mas'ade, un village du plateau du Golan contrôlé par Israël, dimanche 23 juin 2024.
Le soleil se couche derrière les montagnes près des villes de Kiryat Shmona et Metula, situées près de la frontière avec le Liban, vu de Mas'ade, un village du plateau du Golan contrôlé par Israël, dimanche 23 juin 2024. AP - Leo Correa
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Tout le monde se met à courir dans ce supermarché de Kiryat Shmona, au nord d'Israël. Une sirène vient de retentir à l’extérieur, une roquette a été tirée à proximité. Les clients n’ont que quelques secondes pour rejoindre la pièce sécurisée du magasin. Sur les téléphones portables, les alarmes continuent de sonner.

Pour autant, personne ne panique. Il y a des abris partout et les habitants de Kyriat Shmona ont l’habitude de ces alertes, comme le raconte Ludmila, 74 ans : « Je me suis habituée. Rien qu’aujourd’hui, c’est la seconde fois. »

Plusieurs alertes par jour, mais pas encore la grande offensive annoncée venant du Liban voisin et du Hezbollah. Les habitants de Kiryat Shmona sont dans l’attente et c’est parfois difficile. « Je veux que quelque chose se passe parce que je voudrais que tout le monde revienne, raconte Yoni, 40 ans, réserviste vivant seul, séparé de sa famille. Vous pouvez voir l’atmosphère ici, c'est déprimant. Il n’y a pas un enfant dans la rue. C’est vide, tout le monde a été évacué. Ma famille est partie le 8 octobre, quand ça a commencé au nord. Ils ont pris un sac, pensant que c’était pour quelques jours et ils ne sont toujours pas revenus... »

Un drapeau israélien est suspendu à Kiryat Shmona, à la frontière avec le Liban, dans le nord d'Israël, le mercredi 19 juin 2024.
Un drapeau israélien est suspendu à Kiryat Shmona, à la frontière avec le Liban, dans le nord d'Israël, le mercredi 19 juin 2024. AP - Leo Correa

Pour Yossi, c’est l’incertitude qui est insupportable. Ne pas savoir s’il y aura une attaque de grande ampleur venant du Liban voisin et de quelle nature elle sera. « Moi, j'ai peur des infiltrations. On a déjà trouvé des tunnels amenant à certains villages ici. Notre crainte, c'est aussi qu’ils viennent avec des parapentes comme pour Gaza », confie-t-il.

Fusil en bandoulière, Guy, se prépare à toute attaque du Hezbollah. Il n’a peur de rien, dit-il avec des accents nationalistes : « Personne ne doit nous chercher. Israël est un petit pays, mais on est fort. On va se battre, on ne partira pas. Moi, j'ai beaucoup d’armes. Les armes, ce n'est pas un problème. Et vous voyez, le Hezbollah ne fait rien pour l’instant. Il dit tout le temps qu’il va bombarder Israël, mais il a peur, il a beaucoup à perdre. »

Mali, elle, voudrait juste retrouver une vie normale. « La chose la plus difficile pour moi, c'est de ne pas pouvoir profiter de ma vie, raconte-t-elle, exténuée par la situation. Aller dans le jardin, lire un livre par exemple. Car à tout moment, il peut y avoir une sirène, un bombardement et il faut rentrer vite à la maison. Et durant la nuit, on peut se réveiller en panique, à cause des alarmes et ça nous perturbe. Je pense qu’on a tous besoin de retrouver le calme et la paix. »

La plupart des gens veulent la paix, soutient Mali, ce sont les extrêmes des deux côtés qui sèment le chaos.

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A la frontière Nord d'Israël, la ville de Kiryat Shmona où 90% de la population a été évacuée depuis le 7 octobre.
A la frontière Nord d'Israël, la ville de Kiryat Shmona où 90% de la population a été évacuée depuis le 7 octobre. © Murielle Paradon / RFI

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