Les touristes boudent Bialowieza, à la frontière entre Pologne et Biélorussie
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Depuis 2021, le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko tente de déstabiliser l’Union européenne et l’Otan en poussant des migrants à sa frontière avec la Pologne. En réaction, Varsovie a décidé au début de l’été de mettre en place une zone militarisée le long de sa frontière pour empêcher leur passage. Mais dans la région de la forêt vierge de Bialowieza, qui vit principalement du tourisme, la nouvelle est loin de rassurer, et les vacanciers boudent la région cet été. De quoi menacer la vie économique locale.

De notre correspondant à Varsovie,
L’une des régions d’Europe les plus prisées des amoureux de la nature, devenue un repoussoir pour les touristes.
La bande de territoire militarisée, censée freiner les migrants venus de Biélorussie vers la Pologne, passe en plein cœur de la dernière forêt primaire d’Europe. Une zone tampon très efficace selon les autorités, mais qui effraie les clients de Slawomir. Dans son restaurant au village de Bialowieza, il n’a servi qu’une vingtaine de couverts ce soir, en plein cœur de la haute saison.
Le restaurateur dénonce un emballement médiatique excessif autour de cette zone tampon.
« Depuis que cette zone tampon a été annoncée, on a perdu quasiment tous nos touristes. En juillet, j’ai eu un tiers de clients par rapport à l’année dernière à la même période. Nous, on s’efforce d’expliquer aux clients qu’ici, on est en sécurité, on met en place des promotions pour les attirer, mais si à côté, on reçoit la visite d’un politique qui vient faire une photo près du mur à la frontière ou avec les soldats, ça ne contribue pas au développement du tourisme », déplore-t-il.
Baisse du tourisme
Pourtant, le tracé de la zone tampon, large de seulement 200 mètres, a été étudié pour n'englober aucun village, et ne pas freiner l’activité touristique. Mais Dorota, qui tient une chambre d’hôtes, à vu la moitié de ses réservations annulées dès son entrée en vigueur début juin.
« Je dis à tout le monde que c’est tranquille ici, que c’est très calme, que personne ne tire, et que personne ne tue personne, explique-t-elle. J’ai réussi à convaincre certains clients de venir quand même, mais d'autres me répètent que les médias ont dit que la région était dangereuse, et qu’il était préférable de rester à distance. »
Marek Czarny gère un hôtel dans le village, et avec des confrères, il a suggéré à l’État la création de bons touristiques. Une sorte de chèque vacances valable dans la région que l’État distribuerait aux familles pour sauver la saison touristique.
« Ça permettrait de payer par exemple des nuitées à l'hôtel ou chez l’habitant, les repas au restaurant. L'État a l’obligation de nous aider, car on se prend les conséquences de cette situation dans la figure au nom de la sécurité de toute la Pologne », explique Marek Czarny.
Un projet qui ne pourra cependant pas être voté avant la rentrée parlementaire. Après des étés marqués par le Covid et une menace migratoire grandissante depuis trois ans, les professionnels gardent espoir de revivre un jour une saison normale.
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