Reportage international

Ukraine: à Myrnohrad, un apiculteur brave les bombes pour sauver ses abeilles

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En Ukraine, les troupes russes se rapprochent chaque jour un peu plus de la ville de Pokrovsk et dévastent les communes alentours. Sous le feu constant de cette ligne de feu qui se rapproche, des milliers de civils, parfois déjà déplacés de villes et villages plus à l'est, doivent prendre la fuite. Il en est cependant qui font le chemin inverse et qui bravent tous les dangers pour revenir sur leur lieu de vie, comme Sasha, cet apiculteur prêt à tout pour sauver ses abeilles.

Dans la ville de Myrnohrad, en Ukraine, sous le feu constant de l'armée russe, Sasha est apiculteur et il est prêt à tout pour sauver ses abeilles.
Dans la ville de Myrnohrad, en Ukraine, sous le feu constant de l'armée russe, Sasha est apiculteur et il est prêt à tout pour sauver ses abeilles. © Emmanuelle Chaze / RFI
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De notre envoyée spéciale à Myrnohrad

Au milieu de dizaines de ruches en bordure d'un champ de tournesols, Sasha est fier de toutes les espèces d'abeilles qu'il cultive depuis presque 20 ans. « Celle-ci, c'est une jeune abeille, elle sort tout juste, ce sont ses premiers jours de vie et son premier vol, s'émerveille cet apiculteur passionné. Elle doit s'envoler pour repérer où est sa maison et se souvenir de tout. Et chaque jour, elle volera de plus en plus loin ».

Ce n'est pourtant pas ici que cette abeille, comme les milliers d'autres — 60 000 par ruche, confie Sasha — continueront de butiner, car la ligne de front est à seulement quelques kilomètres. Non loin de Myrnohrad, sous le feu russe constant, la population continue d'évacuer chaque jour.

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Un sentiment de gâchis et de nostalgie pour Sasha et ses abeilles

Sasha s'était réfugié dans les Carpates il y a six mois lorsque les Russes avaient bombardé sa maison. Mais il est revenu pour récolter son miel et évacuer ses ruches dans un lieu plus sûr. Une tâche dangereuse, qu'il entreprend en pleine conscience : « La ligne de front n'est vraiment pas loin, on entend tout d'ici. C'est dangereux de passer la nuit sur le site, on ne peut pas protéger les abeilles et on ne peut tout simplement pas rester sur place », explique l'apiculteur.

Sasha sait qu'il effectue sans doute sa dernière récolte de miel ici, un sentiment de gâchis causé par la guerre et de nostalgie après des années passées ici en toute quiétude : « On se préparait le petit-déjeuner nous-mêmes, on avait des petits tabourets, un poêle à bois et un poêle à gaz. On buvait du thé, tout était là, on s'amusait ici. II y avait toujours du monde, des invités, des enfants. C'était le paradis, il y avait des gens... Maintenant, on est juste deux retraités ! », regrette Sasha.

Depuis notre rencontre, Sasha a réussi à évacuer ses abeilles dans la région voisine de Dnipropetrovsk, où lui aussi s'est mis à l'abri — tout relatif — des bombes russes, pour le moment moins nombreuses dans cette région.

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