Nir Oz, un kibboutz endeuillé et frondeur après l'attaque du 7 octobre
Publié le :
Alors que la guerre se poursuit dans la bande de Gaza, cette polémique en Israël : plusieurs des localités ensanglantées par les attaques du Hamas, le 7 octobre 2023, ont annoncé qu’elles ne se joindraient pas aux commémorations officielles que le gouvernement israélien a prévu d’organiser pour marquer la première année écoulée après cet évènement. Ces localités sont des kibboutz – c’est-à-dire des villages communautaires israéliens – situées en lisière de la bande de Gaza. Nir Oz est l’un d’entre eux, notre envoyé spécial s’est rendu sur place. Reportage.

De notre envoyé spécial à Nir Oz,
Le vent fait tinter les clochettes sur le porche de la maison. Il n’y a personne dedans ni dehors. Nir Oz est un village fantôme depuis les attaques du 7 octobre 2023.
Des façades noircies, des toits déformés par les flammes. Les stigmates de la tuerie voisinent avec les jeux d’enfants abandonnés sur l’herbe verte. Ici, les commandos venus de la bande de Gaza ont fait 57 morts.
Des habitants amers
Aujourd’hui, les survivants et les proches des victimes refusent de s’associer aux commémorations officielles du 7 octobre prochain. Irit Lahav est la porte-parole du kibboutz Nir Oz. Elle déplore l'attitude du gouvernement : « Ce que nous ressentons, c'est que ce gouvernement est insensible et ne comprend pas ce que nous avons traversé. Donc, nous ne pensons pas qu’ils peuvent nous représenter comme il se doit lors de cette cérémonie du souvenir… Nous avons le sentiment que ce sera seulement un spectacle. Gardez l’argent, ne le dépensez pas pour un show et faites-en un meilleur usage ! »
À lire aussiIsraël: un rapport dévoile l'échec de l'armée israélienne dans l'attaque du kibboutz Beeri
Les habitants de Nir Oz attendent toujours des réponses. Pourquoi l’armée a-t-elle mis de longues heures à intervenir le jour de l’attaque ?
Et puis le calvaire des habitants de Nir Oz et de leurs proches ne s’est pas arrêté au soir du 7 octobre. Ce jour-là, les assaillants sont repartis en emmenant des dizaines d’otages : 21 personnes kidnappées à Nir Oz sont toujours détenues à Gaza.
Un village fantôme
Comme Gadi Moses, 80 ans. Son fils Yair est favorable au boycott des commémorations officielles : « La seule preuve de vie que nous ayons reçue, c'est une vidéo diffusée par le Jihad islamique dans laquelle on voit mon père s’exprimer. C’était le 19 décembre, mais depuis plus rien... Le gouvernement porte la responsabilité de ce qui s’est passé et de leur comportement jusqu’à aujourd’hui. Et leur cérémonie, c’est seulement pour se glorifier, pas pour les gens qui ont été touchés par le 7 octobre. »
Sur les 415 habitants de Nir Oz, cinq seulement sont revenus s’installer. Gardiens d’un village fantôme qui semble parfois brièvement se repeupler lorsque sont organisées des funérailles pour des otages retrouvés morts à Gaza. Des moments importants pour Gaya, qui a grandi à Nir Oz : « J’aime venir ici, même maintenant, alors que ça ne ressemble plus à rien. J’aime faire la route jusqu’ici, être ici… C’est ma maison. Chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression de revenir à la maison. »
À lire aussiDans les kibboutz voisins de Gaza, les Israéliens s'interrogent toujours sur l'attaque du 7 octobre
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne