Le handisport au Japon, entre ferveur sans barrière et invisibilité latente
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Les Paralympiques de Paris débutent ce mardi 27 août et c'est l'occasion de se poser une question : un tel événement peut-il... changer la vie ? À savoir, changer la ville où il se déroule, la rendre 100% inclusive, parfaitement accessible aux personnes en situation de handicap ? Et puis, au fond, autre question : une telle compétition peut-elle, comme les Jeux olympiques, faire vibrer les foules ? Susciter un engouement hors du commun ? Reportage à Tolyo, où se sont tenus les derniers Jeux paralympiques : c'était en 2021.

De notre envoyé spécial à Tokyo,
Les Jeux paralympiques de 2021 ont rendu Tokyo encore plus... « barrier-free », comme disent les Japonais. Une ville sans barrières, accessible à tous.
Avant la compétition, les revêtements de sol en relief y étaient déjà omniprésents : ces pavés tactiles – une invention japonaise – qui permettent aux déficients visuels de se déplacer plus aisément. Et aux grands carrefours, de longue date, des signaux sonores retentissaient quand le feu passait au vert pour les piétons.
Tokyo, une ville adaptée aux handicaps...
Mais depuis les Jeux, les portes palières se sont généralisées dans les gares et les stations de métro pour éviter que des malvoyants ne chutent des quais. Et désormais, la plupart des bus et des taxis ont un plancher surbaissé, ce qui permet aux personnes à mobilité réduite de les emprunter.
Satoshi Sato lui-même se déplace en fauteuil roulant. Il se félicite du chemin parcouru : « C'est le jour et la nuit par rapport à il y a vingt ans, quand cette ville était un enfer, en termes de déplacements, pour les personnes à mobilité réduite. Maintenant, par exemple, il y a des ascenseurs dans toutes les gares et stations de métro et, un peu partout, le dénivelé entre les trottoirs et les rues a été supprimé : ça change la vie. Et puis, pour ces Jeux, on a construit des infrastructures sportives 100% inclusives. C'était nécessaire, car il n'y avait pas beaucoup de centres d'entraînement accessibles aux pratiquants de handisport. »
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... où « des progrès restent à faire »
Pour autant, des problèmes demeurent. « Beaucoup de commerces ne me sont pas accessibles, déplore Satoshi, car il y a une marche ou même parfois tout un escalier à leur entrée : ils ne sont pas de plain-pied. Ou alors, très souvent, parce que le dénivelé de la rampe d'accès aménagée pour les fauteuils roulants est trop raide, donc trop dangereux pour nous. Bref, il y a encore des progrès à faire... »
Les Jeux paralympiques de 2021 ont suscité l'engouement dans l'archipel et pour cause : la délégation japonaise a remporté deux fois plus de médailles qu'aux Jeux précédents, à Rio en 2016.
Des Tokyoïtes enthousiastes...
Ces Tokyoïtes sont donc très impatients. Comme cette femme qui trépigne d'impatience : « Je décompte les jours. Je serai de tout cœur avec nos athlètes, qui vont me faire vibrer, hurler de joie et pleurer d'émotion. Et, pour sûr, je serai hyper fière d'eux à la fin des Jeux. » Une autre Tokyoïte compte « les encourager tous les jours et à tue-tête devant [sa] télé, jusqu'à en perdre la voix », et dit les aimer « comme si les sportifs étaient [ses] enfants ».
Enfin, cet homme prévoit déjà de ne pas dormir : « Comme lors des JO, j'aurai une productivité proche de zéro au bureau puisque, vu le décalage horaire, je vais passer des nuits blanches pendant quinze jours à regarder tout cela en direct. Je m'en réjouis déjà. »
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... et d'autres indifférents
Mais les fans de para-sports devront suivre les Jeux de Paris sur des chaînes étrangères, c'est-à-dire par satellite. Car les télés nippones ne retransmettront que les plus grandes épreuves en direct – alors qu'elles ont multiplié les éditions spéciales tout au long des Jeux olympiques.
Cela renvoie à une des failles de l'inclusivité japonaise : l'invisibilité des personnes en situation de handicap, qu'on ne voit que très peu dans les médias et qui sont peu nombreuses parmi les personnalités, dans la classe politique ou le monde des affaires, par exemple. Et les Jeux de 2021 n'y ont rien changé...
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