Reportage international

À Gaza, le calvaire des femmes enceintes ou avec des nouveau-nés

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Depuis plus de dix mois, Gaza est bombardée par Israël, plus de 40 000 personnes sont mortes et, sur cette bande de terre côtière, la situation humanitaire est plus que désastreuse. Souvent, on oublie que les femmes enceintes, les femmes en post-partum et les femmes qui allaitent sont particulièrement vulnérables. À Gaza, le nombre de fausses couches a augmenté d’au moins 300 % depuis octobre, en raison du stress dû à la guerre, de la malnutrition et du manque d’eau. De femmes gazaouis témoignent, celles qui vont donner naissance, celles qui viennent de le faire, des conditions inhumaines et dans une enclave ravagée par la guerre.

Des Palestiniens marchent devant l'hôpital dévasté d'Al-Shifa dans la ville de Gaza le 1er septembre 2024. Pour les femmes enceintes, la situation humanitaire catastrophique entraîne fausses couches et malnutrition, entre autres.
Des Palestiniens marchent devant l'hôpital dévasté d'Al-Shifa dans la ville de Gaza le 1er septembre 2024. Pour les femmes enceintes, la situation humanitaire catastrophique entraîne fausses couches et malnutrition, entre autres. © Omar al-Qataa / AFP
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De notre correspondante depuis Jérusalem, l’accès à Gaza étant encore interdit aux journalistes étrangers par Israël,

Être enceinte, accoucher, allaiter... à Gaza, c’est un stress au quotidien. La famine touche quasiment tous les Gazaouis et le manque d’eau potable est un défi majeur. Les femmes enceintes souffrent d’anémie, de malnutrition et ont désespérément besoin de vitamines et de suppléments prénataux. C’est aussi le cas pour les femmes qui allaitent.

Yasmine est la mère de six enfants, elle était enceinte pendant les premiers mois de guerre : « J’ai eu ma dernière fille en pleine guerre et tout est extrêmement compliqué. Que ce soit de pouvoir la nourrir, la faire vivre, la rassurer psychologiquement, physiquement et financièrement, je n’ai plus rien, témoigne-t-elle, alors ma fille ne mange pas assez, pas autant qu’elle devrait, elle est toujours fatiguée. Elle comme moi, nous n’avons pas assez à manger, car il n’y a plus de nourriture. Et pour trouver du lait pour les nourrissons, c’est pire, il n’y en a pas, ou alors c’est très cher. »

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Depuis le début de la guerre, 34 enfants sont morts de malnutrition

La jeune femme d’une trentaine d’années raconte qu’elle n’a plus de maisons depuis les premiers mois de la guerre. Plus de parents non plus pour l’aider avec ses enfants, les cinq autres, lorsqu’elle s’occupe de sa fille de trois mois, car son père et sa mère ont été tués dans les bombardements. Yasmine n’en peut plus des avions ni de l’injustice, de l’éternelle recherche de nourriture : « Je ne sais pas comment son petit corps pourra se développer. Et puis il y a toutes ces épidémies, ces maladies qui ne cessent de se propager. »

Depuis le début de la guerre, 34 enfants sont morts de malnutrition.

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Le nombre de fausses couches a augmenté d’au moins 300 %

L’accouchement, c’est l’autre question angoissante et récurrente, partagée chez toutes ces femmes dans la bande de Gaza. Comment mettre au monde dans de telles conditions, alors que les hôpitaux manquent de tout, même des choses les plus basiques, et qu’ils sont déjà bondés de patients blessés au bord de la mort ? Malek, elle, vient de Beit Lahia, elle est en ce moment déplacée dans une école : « Je suis enceinte de huit mois et je vous avouerai que j’ai tellement peur de l’accouchement. D’abord, car j’ai peur de ne pas pouvoir atteindre l’hôpital à temps et de devoir accoucher ici. Ensuite, car nous avons été déplacés à tellement de reprises que je suis épuisée et très stressée », confie-t-elle.

Avant la guerre, les hôpitaux et maternités prenaient en charge les femmes et les nourrissons s’ils avaient besoin d’être en couveuse ou d’avoir des besoins particuliers. Aujourd’hui, certains ne verront même pas le jour, car, à Gaza, les médecins font état d’un nombre de fausses couches sans précédent. La plupart sont dues au stress psychologique car ces femmes vivent sous les bombardements depuis des mois. Leur santé mentale n’est pas stable et elles manquent de soutien de leur famille.

Le sujet est tellement tabou qu’il est difficile d’obtenir des chiffres officiels, mais des docteurs contactés de part et d’autre de la bande de Gaza ont affirmé à l’ONU qu’ils voyaient environ 10 femmes par jour qui venaient de faire une fausse couche, contre une à deux maximum avant la guerre.

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