Au Japon, les macaques investissent Tokyo à cause du manque de biodiversité
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Lundi 21 octobre, la COP16 s'est ouverte à Cali (Colombie). Jusqu'au 1ᵉʳ novembre, les gouvernements du monde vont se pencher sur l'état des espèces végétales et animales. Et il y a urgence : selon l'association WWF, les populations d'espèces de vertébrés ont diminué de plus de 70% ces 50 dernières années. Au Japon, certaines espèces se raréfient. Autre signe de cette biodiversité malmenée : des animaux sauvages s'aventurent dans les grandes villes, comme à Nagoya ou dans la capitale.

De notre correspondant à Tokyo,
À Tokyo, la nuit, on croise de plus en plus souvent des civettes – ou chats musqués, ces petits mammifères qui ressemblent un peu à des fouines et qu'on avait jamais vu en ville auparavant. Encore plus improbable : dans la capitale du Japon, désormais, on aperçoit... des singes. Y compris dans les arrondissements centraux très peuplés comme Itabashi. Deux habitantes n'en reviennent toujours pas d'avoir entrevu de tels macaques :
« Il s'épouillait tranquillement, juché sur un muret. J'en étais médusée. Ensuite, il a escaladé un arbre, puis, de là, a sauté sur le toit d'une maisonnette et s'en est allé », explique l'une des deux, quand l'autre relate une expérience plus inquiétante concernant les singes : « Deux ou trois macaques couraient après des enfants qui rentraient de l'école. Les pauvres petits, ils étaient complètement terrorisés... »
Les singes contraints, faute d'habitat naturel
Pour les spécialistes, ces animaux sauvages se hasardent en ville en raison de l'urbanisation à outrance des zones semi-rurales jouxtant le centre de la capitale, qui est si densément peuplé et bâti que, pour accueillir de nouveaux habitants – les campagnes ne cessant de se dépeupler au Japon –, il faut à présent, et impérativement, bétonner les faubourgs ou raser des forêts, par exemple. Soit des endroits où ces singes vivaient. Résultat : faute de lieu d'habitat, ils migrent en ville.
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Moins spectaculaire, mais selon les experts, plus inquiétant : à en croire le dernier recensement en date du ministère de l'Environnement, une quinzaine d'espèces d'oiseaux sont menacées à terme de disparition dans l'archipel. Parmi elles, figurent des espèces jadis aussi courantes que le moineau, la bergeronnette ou la bécassine.
Les pesticides en cause
En cause dans cette menace planant sur les oiseaux : la réduction des zones humides, due au réchauffement climatique, et l'urbanisation des forêts, des prairies ou des bocages dans lesquels ces espèces vivaient. Pour cet ornithologue, deux autres facteurs accélèrent la raréfaction des oiseaux :
« En ville, ils ont de moins en moins d'endroits où nicher. Les hirondelles, par exemple, construisent leurs nids sous les avant-toits, les corniches ou dans des interstices entre les tuiles. Mais énormément de maisons individuelles ont cédé la place à des immeubles à appartements qui ne leur offrent pas une telle possibilité. Et puis, en milieu rural, ces oiseaux ne trouvent plus de quoi se nourrir – des insectes, des vers de terre, et tout cela – en raison de la généralisation de l'usage des pesticides. À terme, cela va poser de gros problèmes aux agriculteurs : moins d'oiseaux, cela veut dire plus d'insectes qui prolifèrent, donc la nécessité d'utiliser encore plus d'insecticides. Bref, un cercle vicieux sans fin et extrêmement nuisible à l'environnement. »
Une trentaine d'espèces de papillons sont également menacées de disparition au Japon. Faute d'alimentation suffisante, la transformation d'espaces verts en zones d'habitat réduisent le nombre et la variété de plantes à butiner. À cet égard, alertent les experts, l'extinction redoutée de ces insectes pollinisateurs essentiels aurait des conséquences catastrophiques sur la biodiversité végétale.
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