En Serbie, le président Vucic se prépare à la mobilisation du 15 mars contre le pouvoir
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Plusieurs centaines de milliers de personnes sont attendues ce samedi 15 mars dans la capitale serbe, Belgrade. Les étudiants, fers de lance de ce mouvement contre la corruption, l’injustice et la violence d’État, entendent maintenir la pression sur le pouvoir, sourd à leurs revendications depuis plus de quatre mois. Devant le palais présidentiel, un parc réquisitionné par le président autocrate, entouré de tracteurs et de barrières métalliques, suscite mépris, indignation ou curiosité.

De notre envoyée spéciale à Belgrade,
L’immense popularité des étudiants, que plus rien ne semble pouvoir arrêter, est un énorme défi pour le président Aleksandar Vucic qui contre-attaque. Un campement, censé accueillir des « étudiants » opposés au blocage des universités, a été installé devant le palais présidentiel. Le parc de 3 hectares a pris l’allure d’une zone fortifiée, occupée depuis plus d’une semaine par des dizaines de tentes bleue, vert kaki ou camouflage. À l’intérieur, plusieurs centaines d’individus, en majorité des hommes en survêtement, certains en treillis, coiffés de bérets rouges, des vétérans des forces spéciales dissoutes.
« Que dire, c’est une honte. Une honte d’avoir amené ici des membres d’une unité responsable de l’assassinat de l’ancien président Stambolic, qui a été enlevé, tué, puis enterré dans la forêt de Fruska Gora, ce qui a été démontré en justice, s’indigne Dusan Aralica, un retraité. Les ex-membres des Bérets rouges ont également assassiné le Premier ministre Zoran Dindic. Ressortir aujourd’hui cette unité infâme est une ignominie sans nom…. Mais je ne pense pas qu’il y aura des désordres. Ce sera au contraire un rassemblement massif, dans la joie et la bonne humeur ».
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« Le président les utilise comme un bouclier humain »
Le parc encerclé de tracteurs pique la curiosité de nombreux passants. « Les gens que vous voyez là, ce sont des figurants qui se font passer pour des étudiants, soit pour de l’argent, soit pour obtenir ou garder un emploi, explique Ivana Stanojevic, qui filme la scène avec son téléphone. Le plus terrible dans tout ça, c’est que le président les utilise comme un bouclier humain. »
« Des informations circulent que des provocateurs et des casseurs chercheront à provoquer des incidents, poursuit-elle. Les violences ne viendront certainement pas des manifestants et des étudiants, qui depuis le début du mouvement ont démontré qu’ils étaient pacifiques et non-violents. J’espère sincèrement que l’ampleur de ces manifestations découragera les perturbateurs. Il ne faut pas céder à la panique, qui génère le chaos. Le chaos, personne n’en veut. »
La mise en scène du parc et les tracteurs acheminés la veille du grand rassemblement sont tournés en dérision en Serbie par la population qui n’a qu’une chose en tête : la journée du 15 mars.

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