Reportage international

Royaume-Uni: le succès militant du soda Gaza Cola va permettre de reconstruire un hôpital à Gaza

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Plus de la moitié des hôpitaux gazaouis ont été détruits par les bombardements israéliens depuis le début de la guerre. Au nord de la bande de Gaza, l'hôpital al-Karama a fait partie des premières cibles, dès le mois d'octobre 2023, avant d'être complètement détruit en août. Pour financer la reconstruction, un militant britannico-palestinien a développé un soda militant, Gaza Cola, qui permet aussi à ses clients de boycotter d'autres marques.

Selon le créateur de Gaza Cola, 1,6 million de canettes ont été vendues depuis la mise sur le marché du soda en août dernier.
Selon le créateur de Gaza Cola, 1,6 million de canettes ont été vendues depuis la mise sur le marché du soda en août dernier. © RFI / Emeline Vin
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Au Royaume-Uni, en plein cœur de Londres, le café Hiba offre une bulle de Palestine avec ses keffiehs et ses drapeaux partout. Attablé devant une salade arabe, Hamza sirote un soda un peu particulier. « Gaza Cola, ça fait toujours du bien, savoure-t-il. C'est bon, c'est rafraîchissant. Je crois qu'on a le pouvoir d'agir collectivement en choisissant ce qu'on consomme et ce qu'on refuse de consommer. »

À l'origine du Gaza Cola, canette rouge inspirée d'une autre célèbre marque, il y a Osama Qashoo, réalisateur originaire de Cisjordanie. Depuis août 2024, il a vendu un million et demi de canettes. Une manière pour ses clients de boycotter les géants du soda.

« Les grandes entreprises bénéficient toujours de la guerre, elles font déjà beaucoup d'argent. [Coca-Cola] possède une immense usine dans les territoires palestiniens illégalement occupés. C'est une pratique illégale. Et eux, ils font de l'argent : tant qu'ils n'en perdront pas, ils ne changeront rien. Gaza Cola vient de là, une sorte de David contre Goliath. Nous n'allons pas tout changer, mais nous voulons créer de la réflexion », estime-t-il. La grande marque visée admet être présente en Palestine depuis 1998 et assure employer un petit millier de Palestiniens.

Il aura fallu neuf mois pour trouver des partenaires. Aujourd'hui, tous les bénéfices sont reversés à Gaza, et à un projet en particulier : la reconstruction de l'hôpital d'al-Karama, au nord du territoire, détruit en août 2024. « Cet hôpital, en particulier, est très important, car au moins 300 000 personnes en dépendent. C'est un petit établissement, donc c'est réalisable. Autour du site, nous avons installé des tentes où les patients sont soignés. Nous finançons ces tentes, nous sponsorisons le salaire des soignants qui restent, aux alentours de 200€ par mois. Nous soignons environ 1 000 personnes chaque jour », explique le fondateur de la marque.

Ce soir-là, Osama Qashoo organisait une conférence avec le docteur Mohammed Tahir, revenu de deux missions médicales à Gaza. Le chirurgien explique l'importance des initiatives comme Gaza Cola : « Sur le terrain, ce sont des familles détruites, de nombreux patients avec des blessures catastrophiques, handicapantes… Et des semaines, voire des années de douleur à venir. Maintenant qu'on se dirige vers la gestion d'affections chroniques, il faut former, entraîner, reconstruire. Si vous ne pouvez pas venir donner de votre temps, alors donnez de votre argent. »

Aucun grand distributeur britannique n'a pour l'instant accepté de commercialiser le soda, qui devrait arriver en France en mars dans certains restaurants.

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